Migratory life-courses and social networks: Peruvian men and women in Switzerland
Cette thèse vise à relever quelques-uns des défis propres aux études sur la migration, notamment ceux qui concernent la pluralité des expériences migratoires en fonction des appartenances de genre, de classe et de citoyenneté. À partir d’un dispositif méthodologique inspiré par les analyses en termes de parcours de vie, de récits biographiques et de réseaux sociaux, la thèse s’attache à rendre compte de processus intersectionnels qui influencent la migration péruvienne en Suisse. Pour dépasser les dichotomies souvent utilisées pour décrire les expériences migratoires (migration légale ou illégale, migrant·e·s hautement ou faiblement qualifié·e·s, etc.), la thèse s’intéresse aux effets de différents statuts de citoyenneté et de différents niveaux de qualification chez les Péruvien·ne·s en Suisse. Au lieu de mobiliser des catégories fondées principalement sur les spécificités nationales ou ethniques, la thèse adopte une approche intersectionnelle. Au lieu de penser la migration en termes de déplacement unique depuis un pays d’origine à une autre destination géographique, la thèse appréhende les migrations successives et les engagements transnationaux de Péruvien·ne·s en Suisse. Elle montre que les réseaux sociaux des migrant·e·s ne se limitent nullement aux pays d'origine et de destination. La pluralité de trajectoires professionnelles, familiales et légales des Péruvien·ne·s s’accompagne d’une grande diversité de pratiques d’intégration et de transnationalisme. Par exemple, en matière de difficultés d’accès au marché d’emploi, le régime de genre suisse produit un rapprochement des expériences de femmes migrantes et non migrantes. Par contre, le statut de citoyenneté influence les expériences de l’ensemble des migrant·e·s, indépendamment de leurs niveaux de qualification. Enfin, l’analyse de la composition et de la distribution géographique des réseaux sociaux des Péruvien·ne·s en Suisse montre que, au-delà de la distinction habituelle entre liens faibles ou forts, les liens aux compatriotes sont favorables à la mobilité économique ascendante et à l’entrepreneuriat dit « ethnique » dans le pays d’accueil.