Fornerod Vincent

Les dissonances normatives de la raison éducative. Les transformations du gymnase à la lumière de la philosophie sociale d’Axel Honneth

En s’inspirant de la méthode de la Théorie critique dont il se réclame, mon travail allie approche philosophique et recherche empirique pour enquêter sur les transformations actuelles des études gymnasiales conduisant au certificat de maturité. À l’aide de l’analyse du discours officiel produit par les autorités scolaires, de l’interprétation de certaines des principales doctrines pédagogiques de la modernité et de la démarche ethnographique (observations de terrain, entretiens compréhensifs), il met au jour les normes sur lesquelles le gymnase est fondé et que l’institution invoque pour justifier les réformes qu’elle entreprend aujourd’hui. Ainsi, ma recherche s’intéresse d’une part à la manière dont l’institution réinterprète, pour se les approprier, les concepts fondamentaux de la pédagogie moderne (égalité, épanouissement personnel, culture générale, autonomie, esprit critique, responsabilité), et d’autre part aux moyens qu’elle met en œuvre pour les concrétiser, que ce soit au niveau de la grille horaire, des plans d’études, des procédés didactiques ou des modalités d’évaluation. Suivant la méthode de la « reconstruction normative » (Honneth), mon travail propose à la fois une explication et une évaluation des transformations actuelles de l’École de maturité. Il met notamment en évidence les dissonances, les contradictions et les paradoxes que génère l’institution en cherchant à réaliser dans les pratiques d’enseignement les exigences normatives que lui impose la société contemporaine. Il montre ainsi que les tensions qui travaillent le gymnase ne sont pas sans conséquences sur les expériences pédagogiques des élèves et des enseignantes et enseignants qui, placés dans des contextes qui mutilent les pratiques que les réformes prétendent pourtant promouvoir, ne peuvent qu’échouer à réaliser les normes dont se réclame aujourd’hui l’institution.

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