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Jean Batou nommé professeur honoraire de la Faculté des SSP
Avant son arrivée à Lausanne, c’est à l’Université de Genève que Jean Batou développe sa passion pour l’histoire économique du Tiers-monde, fortement influencé par son directeur de thèse Paul Bairoch, l’un des principaux historiens économiques de l’après-guerre. Sa thèse (Cent ans de résistance au sous-développement. L’industrialisation de l’Amérique latine et du Moyen-Orient face au défi européen (1770-1870), Droz, Genève, 1990) porte sur l’histoire du sous-développement et sur les efforts d’industrialisation de ces deux régions du monde. Jean Batou fut d’abord assistant, depuis 1982, puis maître assistant à l’Université de Genève. Avant sa nomination à l’UNIL en juillet 1994, il avait également enseigné aux universités de Fribourg, Lyon, Los Angeles et à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, où il fut nommé directeur de recherche associé en 1993.
Dès son arrivée à l’Université de Lausanne, Jean Batou s’investit avec un enthousiasme contagieux dans l’enseignement et va marquer des générations d’étudiantes et d’étudiants par son aptitude à brosser magistralement le tableau de l’histoire internationale dans la longue durée. Cette volonté de lier approche diachronique et débats contemporains le conduit à renouveler fréquemment ses enseignements, abordant des sujets aussi divers que l’histoire de la mondialisation, l’histoire des relations entre l’Amérique latine et les États-Unis, l’histoire politique et sociale de l’Islam, l’histoire de l’impérialisme ou encore l’histoire des mouvements de contestation au tournant des années 1960-1970. Cet intérêt pour la transmission du savoir s’est également manifesté auprès des doctorantes et doctorants puisqu’il a dirigé plusieurs thèses portant sur des thématiques très diverses et a fait partie de nombreux jurys de thèse.
Jean Batou s’est engagé sans relâche pour la Faculté des SSP. C’est sous son impulsion que l’Institut de recherche interdisciplinaire est transformé en Institut d’histoire économique et sociale, Institut qu’il a dirigé durant de nombreuses années et qui a accueilli la bibliothèque de Paul Bairoch en 1998. Il a aussi été doyen de la Faculté à deux reprises, une première fois entre 1996 et 1998, puis entre 2000 et 2001.
A côté de l’enseignement et de son investissement institutionnel, Jean Batou s’est lancé dans plusieurs projets de recherche d’envergure, portant sur
- « Le développement inégal de l'Europe au XXe siècle »,
- « Une analyse structurelle du monde en 1937 »,
- « La Guerre d’Espagne et la Suisse »,
- « Le mouvement de 1968 en Suisse: le militantisme comme raison d'être et mode de vie, 1965-1978 ».
La panoplie impressionnante des publications de Jean Batou témoigne d’une part de sa grande rigueur scientifique, d’autre part de sa préoccupation pour les raisons historiques des injustices économiques et sociales contemporaines. Ainsi, un nombre très important de ses articles, de ses chapitres et de ses livres sont consacrés à l’histoire des inégalités, ainsi que l’illustrent ses travaux sur le sous-développement des pays de la périphérie, sur la traite des esclaves ou sur les disparités au sein des sociétés européennes. La lutte contre ces inégalités a aussi donné lieu à une série conséquente de publications qui s’intéressent aux tentatives d’industrialisation des pays en voie de développement, aux luttes anticapitalistes dans la longue durée, aux mouvements internationaux de contestation des années 1960 et 1970 ou encore aux manifestations ouvrières à Genève en 1932 et à leur répression. Par ailleurs, Jean Batou est l’auteur de plusieurs contributions sur les théories de l’impérialisme ainsi que sur la théorie marxiste de l’accumulation par dépossession. Enfin, il a fait œuvre de passeur, contribuant à faire connaître ou redécouvrir des penseurs tels que Marian Malowist, James D. Cockcroft, David Harvey ou Hal Draper.
Thomas David,
Ami-Jacques Rapin,
Janick Marina Schaufelbuehl