La Dre Caroline Wilhem a soutenu sa thèse à la Faculté des géosciences et de l’environnement sur la paléotectonique des plaques de l’Asie centrale.
La Dre Caroline Wilhem a soutenu sa thèse à la Faculté des géosciences et de l’environnement sur la paléotectonique des plaques de l’Asie centrale.
Aujourd’hui, adjointe en charge des affaires institutionnelles et de la recherche à la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique (FDCA), elle s’occupe notamment des questions institutionnelles et stratégiques, appuie le Décanat dans le développement du soutien à la recherche au sein de la Faculté et conseille les chercheuses et les chercheurs.
En quoi consistent plus précisément vos tâches ?
En tant qu’adjointe de Faculté, j’appuie mon Décanat dans le développement stratégique et le suivi de projets institutionnels transverses, qui visent en particulier à soutenir la diversité des pratiques scientifiques et à renforcer la collaboration interdisciplinaire. Cela consiste principalement à recueillir les besoins de la communauté, synthétiser l’information pour faciliter les échanges, coordonner pour rassembler des compétences complémentaires et communiquer les résultats de manière lisible et adaptée. J’ai notamment contribué au développement de la stratégie 2021-2026 de la Faculté et assure le suivi du Plan de développement qui en découle selon les exigences qualité de l’UNIL.
Conjointement à cette dimension stratégique et institutionnelle, j’informe, conseille et oriente les chercheuses et chercheurs de la Faculté sur l’obtention de financements et les politiques de la recherche en général. Dans son ensemble, mon activité professionnelle demande principalement d’être à l’écoute, flexible et créative dans la recherche de solutions adaptées aux besoins, tout en articulant et construisant sur la richesse des compétences et connaissances présentes au sein de la Faculté et de l’UNIL.
Qu’est-ce qui vous plait dans ce poste ?
Je suis convaincue de l’utilité de la mission du soutien à la recherche, pour les institutions, les individus et la société. L’opportunité que représente la transformation numérique et le mouvement de la science ouverte pour le développement de la recherche et le partage des savoirs est incontestable. J’aime parler de « démocratisation » de la recherche à cet égard.
Le rôle des institutions académiques est d’accompagner le changement tout en respectant les valeurs de la liberté académique nécessaires à la découverte scientifique, mais aussi à préserver de bonnes conditions de travail. Ces « transitions » engendrent la multiplication des données et des informations qui s’accompagnent inévitablement d’une augmentation du travail administratif et des politiques institutionnelles. A ce phénomène, s’ajoute la pression du « publish or perish » et d’une évaluation de la recherche exigeante et biaisée par les chiffres, qui a tendance à normaliser et hiérarchiser les activités de recherche.
Dans ce contexte sous tension, la question du temps et de la qualité de la recherche m’intéresse tout particulièrement et motive mes actions en donnant du sens à mon travail. Valoriser la diversité des pratiques disciplinaires, faciliter la collaboration, soutenir la relève, alléger les flux de travail... sont toutes des actions qui d’après moi contribuent à une recherche plus riche, équitable et de qualité !
Quelles compétences avez-vous développées pendant votre doctorat qui vous servent aujourd’hui ?
Le rôle d’adjointe de Faculté requiert des compétences, comme le sens de l’organisation, l’autonomie, l’auto-apprentissage, la proactivité, l’entregent et l’écoute. Ces compétences sont également nécessaires pour mener à bien un projet de recherche sur plusieurs années, comme la thèse de doctorat.
Évidemment, je n’utilise plus mes connaissances spécialisées en géologie dans le cadre de mon activité actuelle. Néanmoins, les compétences que j’ai développées en communication scientifique, dans l’écriture et l’élaboration de visuels, me sont toujours extrêmement utiles. Sans compter les compétences d’analyse, de synthèse et de structuration de l’information que nous développons dans un travail de recherche et qui sont aussi essentielles dans le rôle d’adjoint·e de Faculté. Quant à mes compétences organisationnelles, elles ont été mises à l’épreuve sur le temps long de la thèse et par la grande liberté que mon directeur de thèse m’a offerte. Il s’agissait donc de fixer mes propres délais pour atteindre mes objectifs scientifiques, ce qui demandait d’être autonome et proactive, des compétences aussi indispensables à ma mission actuelle !
Je terminerai par un point qui est probablement pour moi le plus essentiel : c’est la connaissance du milieu académique et de ses exigences et mon expérience personnelle en tant que chercheuse qui me permettent de mener à bien ma mission actuelle.
Avez-vous suivi des formations complémentaires utiles à votre profession actuelle ?
Oui, il a été important à un moment de mon parcours d’assoir certaines de mes compétences transversales développées pendant ma thèse en complétant mon expérience par des connaissances métier. Au fil de mon parcours, j’ai suivi plusieurs formations en management : en gestion de projet (certification CAPM), en gestion des services informatiques (certification ITIL) ou encore en management transversal (formation courte).
L’écriture occupe aussi une place importante dans mon activité actuelle. Développées d’abord dans le cadre de mes activités en tant que chercheuse, j’ai ensuite approfondi mes compétences rédactionnelles avec des formations conjointes à mes différentes expériences professionnelles.
Comment s’est passée la transition après le doctorat ?
C’est un moment charnière. De mon côté, le deuil avec la recherche a pris un peu de temps. J’aimais mon activité de chercheuse, arrêter n’a donc pas été évident. Tout en sachant bien sûr que la décision était irréversible puisque les exigences de la carrière académique nous permettent difficilement de prendre du recul une année ou deux. Si les géosciences, en particulier la géologie, sont mes sciences de cœur, la géologie appliquée ne m’intéressait pas. C’est la recherche fondamentale qui m’intéressait avant tout. Pour différentes raisons (précarité de l’emploi, hyperspécialisation, exigence de mobilité, compétition...), j’ai donc finalement pris la décision d’arrêter la recherche.
À partir de ce moment-là, c’était un peu comme si je repartais à zéro. Si aujourd’hui je suis capable de mettre en avant les compétences transversales développées durant mes années de thèse, à l’issue du doctorat, il est particulièrement difficile d’être lucide sur son propre parcours et ses compétences. Aussi, probablement, parce qu’en tant que chercheuse ou chercheur, nous sommes pleinement immergés dans notre travail et manquons de recul. Quoi qu’il en soit, si nos objectifs de carrière ne s’inscrivent pas dans le domaine de spécialisation du doctorat, les doctorats sont globalement peu reconnus hors du monde académique, et font même parfois un peu « peur ». Dans le cadre de mes recherches d’emploi, j’ai parfois entendu « Elle est trop académique... », ou encore dans mon entourage : « Je n’indique plus mon doctorat sur mon CV... » dans le but d’augmenter ses chances de trouver un emploi.
Après une pause professionnelle volontaire, une période de chômage, et la reprise d’études en géographie, j’ai été engagée comme responsable de communication scientifique dans un centre de recherche appliquée en Valais, puis dans le soutien et la communication auprès de l’IGD en FGSE. Cette première expérience hors du milieu académique m’a ouvert la voie sur une autre façon de contribuer à la science et d’investir mes aspirations.
Quand vous considérez votre parcours, rétrospectivement, quelles sont vos réflexions ?
Avec le recul, je réalise qu’avoir occupé plusieurs postes à durée déterminée au sein de différentes institutions a largement contribué au développement de mon profil. Devoir s’adapter à un nouvel environnement nous oblige à sortir de notre zone de confort, à nous remettre en question et à étendre notre savoir-faire. Bien sûr, cumuler les contrats à durée déterminée a aussi représenté un stress constant sur la perception de mon avenir et a été éprouvant sur la durée, en particulier au moment des transitions. Aujourd’hui, je suis soulagée de pouvoir entrevoir ma vie professionnelle sur le plus long terme.
L’aspect le plus intéressant de cette mobilité a été pour moi de m’ouvrir à d’autres disciplines, au-delà des géosciences et des sciences naturelles et de découvrir d’autres cultures scientifiques et pratiques de recherche en sciences humaines et sociales. Car fondamentalement, ce sont les sciences dans leur ensemble et leur pluralité que je souhaite soutenir. En ce sens, la FDCA est une faculté particulièrement stimulante, compte tenu de sa diversité. Contribuer activement à l’amélioration des conditions des chercheuses et chercheurs de la Faculté me ramène à mon propre parcours, en particulier sur la question de l’accompagnement de la relève. Cette lecture croisée entre mon parcours et mon activité actuelle inspire mon engagement institutionnel.