14 septembre 2016 - Ferme du Manoir, place du Château, Nyon
Dans un article qui aurait dû s’intituler l’honneur perdu des urbanistes suisses, mais qui est resté à l’état de plan, Richard Quincerot, identifiait deux clés de lectures du discours des professionnels de l’aménagement du territoire en Suisse: la modestie et l’impuissance.
Ce discours serait un appel à la petitesse, à la modestie, au refus de la croissance. Volontiers “geignard et dénonciateur”, il est émaillé d’évocations à un paysage presque immuable “à protéger d’une ville grignoteuse”. Il débouche sur une apologie du sol et de la terre considérés comme une valeur à préserver d’une “humanité salissante”. Dans le même temps, ce discours s’articulerait à une rhétorique de la crise permanente, de la “conscience malheureuse et de la rage impuissante” relevait Quincerot dans ses notes de travail.
Car, malgré ce qu’exigent et réclament les urbanistes, les politiques suisses d’aménagement “produisent des effets qui ne sont pas ceux visés [et] d’autres [qui ne sont pas] dénoncés, [qui restent] cachés et désamorcés d’avance” : tels, par exemple, la persistance de l’étalement urbain, la forte croissance des mobilités, la crise du logement dans certaines régions du pays — et leurs conséquences pour des usagers et habitants astreints à des déplacements toujours éprouvants, mais disciplinés par un marché du tendu et de la rareté. C’est le constat de l’inanité de ce discours “pleurnichard et indigné” qui, pour Quincerot, aurait dû faire honte à une profession qu’il appelait à changer. Il souhaitait que les urbanistes fondent leur imaginaire non plus autour d’un monde révolu, mais sur la résolution de problèmes très concrets : gérer la croissance, loger les gens, maîtriser le foncier, négocier la dimension économique de l’urbanisation…
Richard Quincerot achevait son projet d’article par une invitation urgente destinée à l’ensemble de la profession: sortir d’une rhétorique nostalgique et datée pour entrer enfin dans le XXIe siècle.
Cette journée organisée en souvenir de Richard Quincerot aspire à répondre à cette invitation. Autour de la question de la production d’une rareté qui semble entretenue et choyée, ce sont en effet la rigidification croissante de l’aménagement du territoire, les transformations en cours de l’économie immobilière mais aussi les nécessaires mutations des politiques du logement et le bien-fondé des politiques foncières qui seront interrogées et mises en débat.
Programme
08h30 accueil, café
09h00 Bienvenue (responsable de la Ville de Nyon)
09h10 Pierre Chappuis (Ville de Genève)
Des politiques d’aménagement qui produisent de la rareté ?
Modérateur, Laurent Matthey (UNIGE)
09h30 Joëlle Salomon Cavin – UNIL
10h15 Valérie Défago Gaudin – UNINE & UNIGE
11h00 pause
11h15 Olivier Crevoisier – UNINE
12h00 Animation de la discussion par Laurent Matthey – UNIGE
12h30 repas
Des politiques d’aménagement qui deviennent plus rigides ?
Modérateur, Jean Ruegg (UNIL)
14h00 Isabel Giraud – agence Urbanité(s)
14h45 Urs Zuppinger – architecte-urbaniste militant. 15h30 pause
15h45 Yvan Schmidt - i-Consulting
16h30 Animation de la discussion par Jean Ruegg – UNIL
17h00 Synthèse générale de la journée (organisateurs)
17h30 Clôture
Inscription jusqu’au 29 août 2016 sur https://jrq.typeform.com/to/jAZwrg
Frais d’inscription 30 CHF à payer sur place (repas compris)
Contact geneve@urbaplan.ch
Carton d'invitation (57 Ko)