Afin de rendre compte au mieux de l’évolution de l’internationalisation du corps professoral de l’Unil au cours du 20e siècle, nous avons procédé aux sélections suivantes :
Nous avons considéré 6 disciplines (sciences économiques, droit, biologie, chimie, mathématiques et physique) rattachées à deux facultés (respectivement trois à partir de 1978). L’étude des disciplines nous permet notamment d’avoir une vision plus détaillée sur l’évolution d’une branche académique à un moment déterminé. Par ailleurs, et ce afin de mettre en exergue l’évolution de l’internationalisation des professeurs, nous avons estimé qu’une sélection des données à partir de disciplines ayant des objets d’études très diversifiés serait plus idoine ; ainsi, d’une part, nous considérerons l’étude des sciences humaines à partir du droit et des sciences économiques, et de l’autre, nous nous intéresserons aux sciences expérimentales et naturelles en y sélectionnant la chimie, la biologie, les mathématiques ainsi que la physique. Délibérément, nous avons choisi d’exclure les disciplines de la faculté de Lettres en raison des différences trop marquées, tant sur le plan formel que structurel, au sein de ses nombreuses sections. En effet, en ce qui a trait aux disciplines de langues étrangères, il nous paraît très probable de considérer que l’internationalisation trouve son explication dans la maîtrise d’une langue enseignable, et de ce fait ne marque pas une évolution conjoncturelle de l’internationalisation, celle-ci étant à considérer indépendamment de la langue parlée.
Les données sur les différentes dimensions de l’internationalisation du corps professoral nous ont été mises à disposition par l’équipe enseignante. Celles-ci avaient été collectées dans le cadre d’une recherche financée par le FNS et dirigée par l’équipe enseignante sur les élites académiques, et plus précisément sur l’internationalisation des professeurs universitaires en Suisse (Rossier et al. 2015). A partir de ces données, nous avons procédé à une classification comme suit :
- Nom
- Prénom
- Nationalité
- Lieu d’obtention du doctorat 1 et (éventuellement) 2 (thèse d’habilitation)
- Discipline enseignée
- Carrière académique hors-Unil
Il est à préciser que les seuls titres universitaires que nous avons pris en considération sont ceux des professeurs ordinaires, extraordinaires et associés ; nous avons exclu de fait les professeurs invités (contrat de moins d’une année), les maîtres enseignement et recherche ainsi que les maîtres-assistants, assistants etc… D’autre part, étant donné que les effectifs du corps professoral connaissent une forte progression au cours du XXe siècle, les premiers étant très restreints alors que les derniers sont en nombre important – créant de ce fait une inégalité de l’échantillonnage -, les pourcentages auxquels nous faisons référence dans la suite de notre analyse sont sujets à quelques précautions.
Tableau 1 : effectifs du corps professoral des disciplines choisies entre 1910 et 2000
En ce qui concerne la nationalité, il est important de relever que celle qui a été retenue est celle qui prévalait au moment de la nomination. Nous avons choisi, en ce qui concerne les professeurs binationaux (suisso-étrangers), de ne retenir que la seule nationalité suisse lorsque celle-ci leur était déjà attribuée au moment de leur entrée en fonction.
En sus de la fonction d’enseignant au sein de l’Unil, nous avons porté notre attention sur le lieu d’obtention du/des doctorat(s) ainsi que sur la carrière des enseignants en dehors de l’Université de Lausanne. Pour élaborer une classification adaptée par rapport aux objectifs de l’étude, nous avons établi la typologie suivante :
- Amérique du Nord et Grande-Bretagne (respectivement Canada, USA et Grande-Bretagne)
- Europe
- Suisse
- Autre
Procéder ainsi nous permet de mettre en relief les principales régions prisées par les professeurs (dans le cadre très précis de l’internationalisation) et de déterminer si ces dernières correspondent à une l’internationalisation dite « de proximité », ou « d’excellence », selon l’indicateur étudié. Par ces termes, nous définissons une internationalisation comme étant de « proximité » si l’expérience professionnelle étrangère du professeur étudié est proche d’un point de vue géographique, linguistique ou culturel. Au contraire, nous parlerons d’internationalisation « d’excellence » lorsque le professeur effectuera son expérience professionnelle dans une des régions les plus reconnues de son domaine académique, «en raison de la réputation scientifique du pays ou de l’institution de la mobilité » (Rossier et al. 2015). Par exemple, nous avons considéré qu’une carrière effectuée en Amérique du Nord ou en Grande-Bretagne durant la deuxième moitié du XXe siècle pouvait être définie comme une internationalisation d’excellence car ces pays possèdent, à partir de 1957, le nombre le plus important de prix d’excellence dans les disciplines étudiées (pour ce faire, nous avons considéré les Prix Nobel ou, lorsque cela n’existait pas dans la branche concernée (en l’occurence les mathématiques), le prix Abel et la médaille Fields). Etant donné qu’il n’existe pas de prix d’excellence en ce qui concerne la discipline de droit, nous avons procédé au cas par cas.
La carrière étrangère pouvant être sujette à des divergences sur le plan interprétatif, nous retenons comme relevantes avant tout les fonctions liées à l’enseignement (au sein des universités), mais aussi les postes à responsabilité au sein du même secteur que celui qui est enseigné à l’Unil, en fonction de la durée de la carrière. En guise d’exemple, nous considérons comme pertinente en matière d’internationalisation une expérience professionnelle durable à l’étranger, que ce soit une formation post-doctorale ou un poste de professeur d’une durée supérieure à deux ans et ne retenons ni le statut de professeur invité (< 1an de manière continue aussi bien que de plusieurs années de manière épisodique), ni toute autre carrière sans rapport avec l’enseignement (à moins que cette seule carrière ne figure). D’autre part, il convient d’ajouter que les différents modèles de classification établis (USA/GB ; EU ; CH ; AUTRE…) sont soumis à une hiérarchisation de notre part. Systématiquement, nous avons considéré qu’un professeur ayant été au bénéfice d’une carrière tant européenne ou suisse qu’américaine et/ou britannique se verrait inscrit dans la catégorie (USA/GB). En ce sens, nous partons du principe qu’une carrière aux Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne en lien avec la carrière universitaire du professeur, pour peu qu’elle soit significative au niveau de la durée, prend le pas sur les autres critères de sélection. En effet, bien que de prime abord ce choix puisse paraître radical, de par la taille de notre échantillon, il nous était impossible de garder les indicateurs séléctionnés tout en établissant diverses combinaisons des modèles de classification établis ; ceux-ci auraient rendu notre analyse trop complexe. D’autre part, la plupart des cas étudiés ayant cette caractéristique apparaissent à partir de la seconde moitié du XXe siècle, au moment où les pays anglo-saxons deviennent des destinations relevant de l’internationalisation dite « d’excellence », c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de privilégier cet indicateur.
Afin d’avoir une vision globale et évolutive sur le phénomène d’internationalisation du corps professoral pour la période du XXe siècle, et du fait que nous avons utilisé la même base de données que celle proposée dans l’étude de l’« Internationalisation des élites académiques suisses au XXe siècle: convergences et contrastes », notre choix s’est porté sur la même périodisation que celle de l’article, à savoir les années 1910, 1937, 1957, 1980 et 2000, lesquelles, bien que les intervalles ne suivent pas une régularité parfaite (une intervalle = vingt ans), ont toutefois l’avantage de faire corroborer nos résultats pour l’étude de l’Université de Lausanne avec ceux qui ont été récoltés pour les universités suisses.