La Société suisse de Zofingue, une des plus anciennes et des plus importantes en Suisse, est une fédération de treize sociétés d’étudiants. En 2010, elle comptait 400 membres actifs, répartis dans neuf « sections » universitaires et quatre gymnasiales, et 2300 vieux-Zofingiens. Elle est fondée en 1819 à Zofingue par des étudiants de Zurich et de Berne qui se sont inspiré de la fête de la Wartburg – fête allemande qui a eu lieu en 1817 et où plusieurs jeunesses allemandes voient le jour – et de la création de la Deutsche Burschenschaft. Sa création est donc une conséquence probable de l’élan nationaliste qui animait les étudiants allemands et qui avait débordé sur la Suisse alémanique (MEUWLY: 1997, 24).
. . L’histoire . .
La première société d’étudiants d’envergure nationale est donc la Société Zofingue, fondée en 1819 dans le but de « rassembler les étudiants prêts à réaliser les idéaux démocratiques et patriotiques des libéraux » (DHS, société d’étudiants). Cette tentative de rassemblement échoue néanmoins partiellement au cours du XIXe siècle et après la Régénération, notamment à cause des conflits que l’on connaît entre libéraux et futurs radicaux, et qui donneront lieu à la création de la société dissidente Helvétia en 1832. On voit bien déjà que dès leurs créations, ces sociétés sont très liées à des mouvement idéologiques politiques dont elles sont les défenseurs.
Carte postale
Après Zurich et Berne, des sections se créent à Lucerne et Lausanne (1820), Bâle (1821), Genève et Neuchâtel (1823), Saint-Gall (1824), Fribourg (1829) et Aarau (1834) (DHS, société d’étudiants). Leur but n’était donc pas seulement de réunir les étudiants de Suisse en une association unique, conformément à leur devise Patriae – Amicitiae – Litteris, mais aussi de contribuer au mouvement national visant à l’instauration d’un État fédératif libéral (DHS, Zofingue). Dès la Régénération, de nombreux Zofingiens ont joué un rôle important dans la politique suisse. Ils étaient par exemple dix-neuf à siéger à l’Assemblée fédérale en 1848, vingt-sept en 1860.
En Suisse, l’âge d’or de ces sociétés s’étend de la seconde moitié du XIXe siècle à 1914. Ces sociétés dominaient alors la vie corporative des étudiants. Parallèlement aux trois grandes sociétés, de nombreuses autres, plus petites, ont vu le jour, telles que les sociétés regroupant des étudiants allemands et les filiales de sociétés allemandes. Depuis les années 1960, Zofingue a perdu son importance politique et sociale (DHS, Zofingue).
L’idéal véhiculé par les Zofingiens trouve très vite un terrain propice à l’Académie de Lausanne, où les étudiants, comme Louis Vulliemin, l’un des fondateurs de la section vaudoise, sont sensibles à la doctrine libérale (MEUWLY: 1997, 27). A Lausanne, les sociétés de Belles-Lettres et Zofingue se côtoient à l’Université sans véritable concurrence : Belles-Lettres recrutait ses membres dans les auditoires de Lettres et de philosophie, alors que Zofingue s’était installée d’emblée dans les facultés de droit et de théologie (idem).
. . Les traditions . .
Chaque société possède des traditions visibles (casquette, sautoir) et invisibles qui façonnent leur identité (règles internes qui régissent l’organisation). Chaque société possède un règlement, appelé « Comment », qui définit entre autres la hiérarchie, les rites d’admission, de passage du statut de Fuchs (étudiant des premiers semestres) à celui de Burch (étudiant avancé) ou à celui d’ancien, ainsi que le port des couleurs et les différentes fêtes. C’est la section bâloise de Zofingue qui rédige le premier « Comment » en 1845.
Carte postale représentant une Théâtrale
Les fêtes font également partie de la culture des sociétés d’étudiants (notamment les fêtes commémorant sa fondation, les fêtes centrales, patriotiques, les bals et les théâtrales). Quelques sociétés pratiquaient le combat au sabre, appelé Mensur. Dans la plupart des sociétés non confessionnelles, la question de la Mensur a provoqué de nombreuses discussions, des divisions et des querelles.