Définition et typologie

Définition de la maltraitance envers les enfants

Bien que souvent difficiles à utiliser en pratique, de nombreuses définitions de la maltraitance envers les enfants sont proposées dans la littérature spécialisée. Nous vous proposons ici celle de l’OMS, ainsi qu’une typologie de Leeb et ses collègues (traduite de l’anglais).

« La maltraitance à enfant désigne les violences et la négligence envers toute personne de moins de 18 ans. Elle s’entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. Parfois, on considère aussi comme une forme de maltraitance le fait d’exposer l’enfant au spectacle de violences entre partenaires intimes. » (OMS, déc. 2014 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs150/fr/)

Tracer des limites autour de la maltraitance et de ses différentes formes est un exercice périlleux. La maltraitance ne se mesure malheureusement pas comme une longueur ou une température. Sa définition évolue d’une époque à l’autre, d’une culture à l’autre. De plus, les regards que portent les différentes disciplines sur ce phénomène jouent un rôle déterminant dans son évaluation.

Par exemple, le secteur médical observe en particulier les signes sur le corps de l’enfant (marques, blessures, retards de développement), tandis la psychologie s’intéresse aux comportements des parents et des enfants, ainsi que leurs possibles répercussions sur le développement de l’enfant. Le secteur judiciaire, quant à lui, détermine les pratiques parentales acceptables (ou non) en se basant sur un consensus social autour de valeurs et de principes moraux. Enfin, la sociologie replace la maltraitance dans son contexte social et met l’accent sur les difficultés socio-économiques auxquelles les familles « maltraitantes » sont souvent confrontées.

Alors en pratique, comment faire ?

On peut définir la maltraitance comme une atteinte à l’intégrité de l’enfant, qu’elle ou il ressent comme telle. Cette atteinte peut être ressentie au moment où l’action ou la parole a eu lieu, ou plus tard ; un décalage temporel ne lui ôte en aucun cas son caractère préjudiciable.

Même s’ils n’ont eu lieu qu’une seule fois, certains actes sont jugés assez graves pour être d’emblée considérés comme maltraitants (coups entraînant des blessures, abus sexuels avec contact physique, menaces graves). Dans d’autres cas (corrections physiques, paroles dévalorisantes), les actes doivent se répéter, si bien qu’ils font partie de la relation et de l’éducation de l’adulte envers l’enfant.

Les actes graves sont forcément des atteintes contre l’intégrité physique ou sexuelle (brûlures, fractures, viols), et la loi les sanctionne comme tels. Dans d’autres cas (les plus courants), leur inadéquation aux valeurs du milieu dans lequel l’enfant vit lui fera sentir qu’il subit un traitement dégradant hors norme. Un acte, une attitude ou une parole sont donc considérés comme maltraitants s’ils transgressent certains codes explicites ou implicites dans un contexte donné, et si cette transgression a des effets négatifs sur l’enfant.

Ces flous dans la définition compliquent la tâche des professionnel·les. Nous vivons dans une société d’une grande diversité socio-culturelle, évoluant d’une génération à l’autre. Evaluer des actes ou des paroles comme maltraitants est souvent complexe, en deçà d’un certain degré de gravité. En tant que professionnel·le, se distancer de son propre background culturel et familial et s’entourer de collègues (de même profession ou non) permet, en partie, de contourner ce biais.

Pour aller plus loin: Leeb, R. T., Paulozzi, L., Melanson, C., Simon, T., & Arias, I. (2008). Child maltreatment surveillance: Uniform definitions for public health and recommended data elements, version 1.0. Atlanta (GA): Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Injury Prevention and Control. https://www.cdc.gov/violenceprevention/pdf/cm_surveillance-a.pdf

Typologie

Maltraitance psychologique

Comprend le fait de communiquer de manière intentionnelle à l’enfant qu’il ou elle est sans valeur, déficient·e, mal-aimé·e, non-désiré·e, en danger ou que sa seule valeur consiste à répondre aux besoins de quelqu’un d’autre. La maltraitance psychologique peut inclure le fait de rabaisser, de dénigrer, d’humilier, d’intimider, de terroriser, d’isoler, de restreindre, de confiner, d’exploiter, d’exclure ou de repousser.

Maltraitance physique

Comprend les gestes, à mains nues ou avec toute autre partie du corps, portant préjudice à l’enfant, comme le fait de taper, de donner une fessée, des coups de pied, de mordre, de bousculer, de secouer, d’étrangler ou de tirer les cheveux. A cela s’ajoutent les coups infligés à l’aide d’objets et les brûlures intentionnelles avec des sources de chaleur (cuisinière, cigarette, liquides chauds, etc.).

Négligence

Consiste en l’omission de soins appropriés pour répondre aux besoins physiques, émotionnels, médicaux et éducationnels élémentaires de l’enfant. A cela s’ajoute une protection insuffisante par rapport au développement et aux besoins émotionnels de l’enfant, à l’intérieur ou à l’extérieur de son logement.

Abus sexuels

Comprend tous les actes d’ordre sexuel, accomplis avec ou face à un enfant. Ces actes peuvent être commis contre sa volonté ou sans que celui-ci puisse y consentir en pleine connaissance de cause, en raison d’une immaturité physique, psychique, cognitive ou langagière. L’auteur·e use de son autorité et de sa position de pouvoir pour satisfaire ses propres besoins au détriment de ceux de l’enfant.

Témoin de violences conjugales

L’enfant est témoin de violences physiques et/ou psychologiques entre ses parents ou entre des personnes en charge de son éducation à la maison.

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