Quelques chiffres
Mesurer les mauvais traitements au sein d’une population donnée est une opération complexe.
C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles la Suisse dispose de peu d’informations fiables sur les mauvais traitements dont sont victimes les enfants. Ceci ne signifie pas pour autant qu’aucune étude n’ait été menée en Suisse dans le domaine. Des statistiques recouvrant une certaine forme de maltraitance (par ex. les abus sexuels, les violences domestiques), un secteur en particulier (par ex. les cliniques pédiatriques, la police) ou une région donnée (par ex. le canton de Vaud, la Suisse alémanique) existent et pour la plupart, sont régulièrement mises à jour. Il existe tout de même une étude récente, d’envergure nationale, à laquelle l’Observatoire de la maltraitance a participé. Il s’agit de l’étude Optimus https://www.unil.ch/ome/optimus3 qui a traité des cas de maltraitance infantile arrivés à la connaissance des autorités. Nous vous proposons un bref tour d’horizon d’autres données statistiques disponibles ci-après.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, nous recommandons de prendre ces chiffres avec précaution. Les études portent souvent sur des populations et des définitions très variables. Elles sont donc difficilement comparables et extrapolables à l’ensemble de la population. Le profil des auteur·es s’établit via les données à disposition des chercheur·euses, se basant sur des ressources officielles. Ainsi certaines limites méthodologiques doivent être prises en compte dans l’interprétation des résultats obtenus. En effet, les statistiques officielles telles que les données de police ne mesurent que la criminalité apparente (Aebi, 2006). Il faut donc être conscient des cas dont nous n’avons pas connaissance car ils ne sont pas pris en charge par les autorités. C’est ce qu’on appelle le chiffre noir. Ainsi, outre le fait que nous ne connaissons pas la réelle ampleur des cas de maltraitance envers les enfants, le profil des auteur·es peut également se retrouver biaisé. D’autres moyens d’atteindre ce chiffre noir sont possibles, par exemple à l’aide des sondages de victimisation ou de délinquance auto-reportée qui peuvent venir étayer de manière considérable les statistiques officielles.