Le Centre d'études francoprovençales René Willien (CEFP) a son siège à Saint-Nicolas, Vallée d'Aoste (Italie). Fondé en 1967, sous le haut patronage de la Région autonome Vallée d’Aoste, il œuvre dans le domaine de la recherche et de la promotion du francoprovençal et de la culture alpine. Une claire visée internationale est présente depuis le début à travers les personnalités de trois professeurs d’université, Ernest Schüle (Université de Neuchâtel), Gaston Tuaillon (Université de Grenoble) et Corrado Grassi (Université de Turin), qui avec le premier Président René Willien entendent créer un lieu d’échanges et de discussion sur les études francoprovençales. Dès sa fondation, le Cefp a été le promoteur de chantiers de grande envergure comme l’Atlas des Patois Valdôtains et l’Enquête toponymique. Au fil du temps, les activités et les partenaires se sont multipliés, grâce au travail synergique des membres de l’équipe scientifique, spécialistes des différents domaines de recherche en sciences humaines et sciences du langage. Le Cefp organise un colloque annuel international, avec publication des actes, publie une revue avec comité de lecture international, l’unique entièrement dédiée aux études francoprovençales, organise des semaines interdisciplinaires de formation pour étudiants, chercheurs et professeurs, avec un focus sur la culture alpine et/ou la langue francoprovençale. À côté du travail scientifique et d'édition, il développe aussi des activités ciblées pour différentes catégories de public (conférences, capsules vidéo, expositions itinérantes), afin de restituer sur le territoire des contenus variés et utiles à stimuler le débat et la floraison d'idées nouvelles, en collaborant aussi avec les institutions scolaires.
Exemples de projets :
Entre 2017 et 2023, le Centre d'études francoprovençales a entamé des recherches au carrefour de l’anthropologie et de la linguistique, afin d'étudier les représentations spatiales dans la région intra-alpine historiquement d'expression francoprovençale, à cheval entre la France, l'Italie et la Suisse, et dans la première vallée adjacente, au sud des Alpes, à l'est de l'espace francoprovençal, auprès de deux communautés germanophones (dans les communes Walser de Gressoney-La-Trinité, Gressoney-Saint-Jean et Issime).
À partir de l'analyse de quelques structures linguistiques présentes dans le langage courant, il a été possible de constater la richesse de l'expression spatiale de ces groupes de locuteurs, mais aussi une extrême précision dans la définition du mouvement sur un territoire montagneux particulièrement complexe à décrire. L'existence de représentations spatiales comparables a suggéré au chercheur d’analyser ces structures linguistiques sur la base des modèles de Stephen C. Levinson (2003), ce qui a fait émerger l'extrême particularité de ces expressions, se caractérisant par la persistance d'un ancien cadre de référence spatiale de type absolu au sein de ces communautés linguistiques (Dunoyer, 2024a & 2024b ; Dunoyer, à paraître).
Cette première phase d’analyse constitue la base d’une interrogation anthropologique sur le rôle de l’habitat dans l’émergence des représentations culturelles, question débattue par les linguistes et les anthropologues depuis plus d’un siècle (Sapir 1912, Urban 2020). Au centre de la réflexion se trouve en effet la relation entre l'homme et l'espace, perçue comme un facteur déterminant dans le processus de structuration d'un certain style cognitif, propre aux locuteurs d'une langue spécifique.
La deuxième phase du projet s’ouvre maintenant et s’élargit à l’ensemble de l’arc alpin, voire à d’autres régions de montagne, afin d’explorer d’une manière approfondie le triangle homme-langue-espace sur une aire plus vaste mais ayant des caractéristiques physiques et culturelles comparables.
Site internet : https://www.centre-etudes-francoprovencales.eu/
Contact : Christiane Dunoyer, directrice scientifique du CEFP