par Alexis Tautou
Le présent travail rend compte de la double articulation d’analyse pensée par Antoine Berman dans Pour une critique des traductions: John Donne (Gallimard, 1994). La méthode bermanienne intègre tant une histoire, événementielle et individuelle, des traductions qu’une analyse des textes à la lumière de leurs entours (paratextes, projets de traduction, etc.). Dans une première partie, nous tenterons de décrire et de comprendre à l’aide d’un panorama historique l’importation de la poésie de Rilke en traduction française, des premières versions du début du XXe siècle aux dernières traductions des Élégies de Duino. Nous nous attacherons ce faisant à l’identité des différents (re-)traducteurs et à l’horizon général de leurs traductions, horizon qui va de traits propres au traducteur aux codes poétiques d’une société à un instant donné. Dans une seconde partie, reflet de l’autre facette de la pensée bermanienne, nous procèderons à la comparaison et à l’évaluation de plusieurs versions françaises de la première Élégie de Duino, œuvre poétique de Rilke la plus retraduite en français. Au travers de différents critères touchant à la forme et au sens, il s’agira de saisir l’apport de chaque traduction et le type de lien qui les unit (ou les oppose) entre elles, afin de constater in fine si les comportements socio-culturels observés dans la première partie se matérialisent également dans le travail concret et la pratique des (re-)traducteurs des Élégies de Duino.
La thèse a été défendue le 24 novembre 2012, sous la direction de Prof. Bernard Banoun, Paris-Sorbonne, Paris 4 et Prof. Irene Weber Henking, Université de Lausanne.