Si loin, si proche — traduire à bonne distance
Les 2, 3 et 4 mai 2024
au Château de Dorigny (campus de l'Université de Lausanne)
Traduction vers le français, toutes langues sources possibles
« Traductions : se plaindre de ce qu’elles sont outrageusement infidèles. » Ce pourrait être une entrée du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, tellement le grief est rebattu. Par lassitude du cliché, on est à bon droit tenté de se détourner, sans même prendre la peine de leur répondre, des rabat-joie qui osent encore nous le resservir. Mais on peut aussi choisir de retourner ce sempiternel reproche comme un gant, afin d’en souffleter joyeusement ceux qui refusent d’admettre cette vérité simple : une traduction n’est pas l’original. Elle ne coïncidera jamais avec lui : partant, les esprits chagrins pourront toujours la tenir pour infidèle. En revanche, ceux qui font profession de traduire s’empressent de jeter aux orties le fantasme d’une traduction homothétique, pure transmission.
Une fois qu’on a fait le deuil d’une impossible pureté de la traduction, on peut larguer les amarres et se mettre au travail. Valery Larbaud nous mettait bien en garde contre « le mot à mot insipide et infidèle à force de servile fidélité ». De fait, pas de création possible sans un minimum d’autonomie, d’audace, et donc de prise de distance par rapport à l’original. Et si l’on dépouillait l’infidélité de ses atours honteux, criminalisés, pour révéler ce qu’elle peut avoir de vertueux, voire d’indispensable, en traduction ? Pour peu qu’on fasse preuve de mesure, mais aussi d’imagination, de dextérité et de panache, n’est-ce pas là une voie à explorer pour parvenir à traduire juste, pour traduire à bonne distance ?
Dominique Nédellec
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