Colloques 2014-2015

Jeudi 21 et vendredi 22 mai 2015

UNIL, Extranef, salle 110

Colloque international organisé en partenariat par la Formation doctorale interdisciplinaire de la Faculté des lettres, la Section de français (UNIL) et le groupe MDRN (KU Leuven)

Org. resp. : Prof. Jérôme Meizoz (UNIL) et Prof. David Martens (KU Leuven)

Problématique
Dans le sillage d’un renouvellement des études sur le statut et les figures des écrivains et artistes en général (D. Martens & M. Watthee-Delmotte, 2012; N. Heinich, 2012; S. Laghouati, D. Martens & M. Watthee-Delmotte 2012), ce colloque interdisciplinaire abordera les enjeux de la fabrication des images d’auteurs selon une double perspective: d’une part, les interactions entre l’image que les auteurs (artistes, écrivains, philosophes…) produisent d’eux-mêmes et celle que des tiers (biographes, critiques, journalistes…) façonnent et diffusent; d’autre part, les fonctions spécifiques des genres et des mediums, ainsi que des institutions au sein desquelles ces images sont réalisées et mises en circulation.

ll s’agira d’analyser non seulement l’image que des auteurs et créateurs de différents domaines produisent d’eux-mêmes dans leurs discours publics (l’ethos), dans les rites régissant les modes de sociabilité de leur domaine (la posture) ainsi que dans leurs œuvres proprement dites (scénographies, figurations d’auteur), au sein de leurs œuvres et de leurs prises de paroles publiques (discours à l’occasion de prix, notices autobiographiques, lettres ouvertes, romans, manifestes, pamphlets), mais aussi la manière dont les divers médiateurs (biographes, journalistes, professeurs, lecteurs, voire publicitaires, etc.) reprennent et reconstruisent à leur tour ces image, dans différentes formes (essais biographiques, ouvrages illustrés, articles sur la vie et la personnalité de l’artiste, des témoignages ou correspondances, etc.), qu’il s’agisse de répondre à une actualité (promotion lors de la parution d’un livre) ou de contribuer à façonner le patrimoine culturel (articles de manuels, d’encyclopédies…).

Une image d’auteur est le produit d’une interaction entre les auteurs et les tiers qui assurent un rôle de médiateurs de ces images, que ces tiers altèrent nécessairement en fonction des impératifs de constitution de leur propre image. L’on s’interrogera en conséquence sur les modalités en vertu desquelles les créateurs et les médiateurs de leurs images interagissent:

• Quelle est la nature de leurs relations concrètes (relation professionnelle, intimité…)?
• Dans quelle mesure recoupe-t-elle leur relation publique ou interagit-elle avec elle?
• S’agit-il pour le médiateur de se borner à reproduire et avaliser l’image initialement façonnée par l’auteur ou de la modifier en fonction de finalités particulière, ou, pour les auteurs eux-mêmes, de répondre à certaines interventions de médiateurs, en particulier dans des formes élaborées conjointement, comme l’entretien par exemple?

Dans ces interactions entre images d’auteurs issues de plusieurs agents, de multiples pratiques et genres de discours différents sont susceptibles d’être mis en œuvre, dans des contextes institutionnels et médiatiques distincts. Or, ceux-ci présentent leurs propres finalités, qui, souvent, ne se recoupent que partiellement. Dans cette perspective, cette rencontre consistera également à s’interroger sur les fonctions spécifiques des différents genres et mediums mis en œuvre pour façonner les images des auteurs:

• Qu’induisent-ils de particulier sur le plan formel comme sur le plan symbolique (un entretien publié dans un livre n’est pas un entretien télévisé)?
• Que nous disent les usages dont ces genres et ces mediums font l’objet des relations entre les domaines impliqués, qu’il s’agisse de la littérature, de la philosophie, de l’art et de leurs éventuelles interactions, notamment avec d’autres champs (le journalisme, la photographie…)?

Procédure
Les propositions d’exposés (1500 signes max., avec titre et une courte bio-bibliographie) sont attendues pour le 10 décembre 2014 au plus tard, par voie d’e-mail aux quatre adresses suivantes:
Jerome.Meizoz@unil.ch et David.Martens@arts.kuleuven.be
avec copie à fdi@unil.ch

Bibliographie de travail

• AMOSSY Ruth & BOKOBZA KAHAN Michèle (dir.), «Ethos discursif et image d’auteur», in Argumentation et analyse du discours, n^o 3 (2009): http://aad.revues.org/656
• AMOSSY Ruth, La Présentation de soi. Ethos et identité verbale, Paris, PUF, 2010.
• CORNUZ Odile, «Autoportrait majuscule. Le livre d’entretiens de Pierre Michon», in Jean Kaempfer (dir.), Michon lu et relu, CRIN, vol. 55, Rodopi, 2011, pp. 105-126.
• COSSUTA Frédéric, DELORMAS Pascale, MAINGUENEAU Dominique (éds), La vie à l’œuvre. Le biographique dans le discours philosophique, Limoges, Lambert-Lucas, 2013.
• DELORMAS Pascale, Jean-Jacques Rousseau: de l’autobiographie à la mise en scène de soi, Limoges, Lambert-Lucas, 2013.
• DEWEZ Nausicaa & MARTENS David (dir.), «Iconographies de l’écrivain», in Interférences littéraires/Literaire interferenties, n° 2 (mai 2009): http://www.interferenceslitteraires.be/nr2
• DiIAZ José-Luis, L’Écrivain imaginaire. Scénographies auctoriales à l’époque romantique, Champion, 2007.
• FERRARI Federico & NANCY Jean-Luc, Iconographie de l’auteur, Paris, Galilée, 2005.
• HEINICH Nathalie, Être écrivain. Création et identité, La Découverte, 2000.
• HEINICH Natahlie, De la visibilité, Gallimard, 2012.
• DOZO Bjorn-Olav, LACROIX Michel, GLINOER Anthony (éds), Imaginaires de la vie littéraire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.
• JEANNERET Yves, Penser la trivialité I. La vie triviale des êtres culturels, Hermès-Lavoisier, 2008.
• LAGHOUATI Sofiane, MARTENS David, WATTHEE-DELMOTTE Myriam (éds), Ecrivains mode d’emploi, Musée royal de Mariemont (B), 2012. Catalogue d’exposition.
• LAHIRE Bernard, «Publicisation de la littérature et frontières invisibles du jeu littéraire» in Littérature, n^o 160 (décembre 2010), Larousse, pp. 20-29.
• LUNEAU Marie-Pier, VINCENTJosée (dir.), La Fabrication de l’auteur, Québec, Nota Bene, 2010.
• LEJEUNE Philippe, «La voix de son maître. L’entretien radiophonique», in L’autobiographie, de la littérature aux médias, Seuil, 1980, pp. 103-160.
• LENAIN Thierry, «Les images-personnes et la religion de l’authenticité», in R. De Koninck, M. Wathee-Delmotte (éds), L’Idole dans l’imaginaire occidental, Paris, L’Harmattan, 2005.
• LOUETTE Jean-François & ROCHE Roger-Yves (dir.), Portraits de l’écrivain, Champ Vallon, 2003.
• MARTENS David & WATTHEE-DELMOTTE Myriam (éds), L’Écrivain, un objet culturel, Dijon, Editions universitaires, 2012.
• MARTENS David & REVERSEAU Anne (dir.), «Figurations iconographiques de l’écrivain», in Image & Narrative, vol. 13, n^o 4 (2012): http://www.imageandnarrative.be/index.php/imagenarrative/issue/view/26
• MEIZOZ Jérôme, La Fabrique des singularités. Postures II, Slatkine, «Erudition», 2011.
• NOGUEZ Dominique, Le Grantécrivain et autres textes, Gallimard, 2000.
• PUECH Jean-Benoît, «Du vivant de l’auteur», Poétique, n^o 63 (1985).
• PUGNET Natacha, «L’artiste en représentation ou l’économie du double», in N. Pugnet (dir.), Les doubles je[ux] de l’artiste, Aix, Presses universitaires de Provence, 2012, pp. 141-157.
• COnTEXTES, «La question biographique en littérature. Histoire, méthodologie, fiction», in COnTEXTES, n^o 3 (2008), en ligne: http://contextes.revues.org/1883
• SAPIRO Gisèle, «Les conditions de formation de la vocation d'écrivain», in Actes de la recherche en sciences sociales, n^o 158 (juin 2007), Paris, Seuil, pp. 13-33.
• SCHELER Max, Le Saint, le Génie, le Héros [1933], Fribourg, LUF, 1944.
• YANOSHEVSKY Galia, «L’entretien d’écrivain et la co-construction d’une image de soi: le cas de Nathalie Sarraute», Revue des sciences humaines, Lille, n^o 273 (janvier-mars 2004).

Ce colloque s’inscrit dans le cadre des recherches du groupe MDRN (www.mdrn.be) de l’Université de Louvain (KU Leuven), notamment dans le Pôle d’attraction interuniversitaire Literature and Media Innovations (lmi.arts.kuleuven.be), financé par la Politique scientifique fédérale belge (www.belspo.be), ainsi qu’au sein du projet de recherche « La Fabrique du patrimoine littéraire », financé par le FWO (Fonds de la recherche scientifique, Flandre).

Appel à contributions

Appel_coll.21-22mai2015_logos  (294 Ko)

Affiche_coll.21-22mai2015  (3265 Ko)

Brochure_coll21-22mai15  (13952 Ko)

Jeudi 30 et vendredi 31 octobre 2014

UNIL, BCU, salle 511

Colloque international organisé par la Formation doctorale interdisciplinaire et la Section de français, en partenariat avec le site «Fabula» (www.fabula.org)

Organisateur responsable: Marc Escola, co-organisatrice pour la FDi: Marta Caraion

Avec une conférence de Pierre Bayard

Problématique
Si l’on nomme communément fantôme l’apparence désincarnée sous laquelle se manifeste un être disparu, et par analogie le souvenir persistant ou obsessionnel d’un épisode passé qui ne cesse de faire retour dans le présent, le terme désigne aussi dans le jargon des bibliothécaires la fiche ou la planchette que l’on glisse dans un rayonnage à la place d’un volume emprunté (ou disparu) comportant la cote de l’ouvrage (ou le nom de l'emprunteur); les chirurgiens parlent quant à eux de membre fantôme pour qualifier la perception illusoire (et parfois douloureuse) par le patient d’un membre amputé ou privé de sensibilité.

Passible de bien des emplois, le terme mérite peut-être d’intégrer le lexique de la théorie littéraire, qui se trouve avoir affaire, en même temps qu’aux textes réels et aux textes possibles spéculativement produits, à la très riche bibliothèque des textes qui n’ont d’existence que fantomatique:

• œuvres perdues dont ne subsistent plus que quelques vers ou un simple titre (telles les tragédies citées par La Poétique, qui continuent des siècles durant à jouer un rôle dans la théorie alors que nul ne peut en prendre vraiment connaissance) ou qui ne nous sont plus accessibles que dans des traductions;
• textes manquants dont un récit fait mention sans le donner à lire (il en est de célèbres: dans Armance comme dans La Religieuse ou À la Recherche du temps perdu, mais sans doute dans toute fiction);
• part silencieuse d’une correspondance (ainsi des courriers de Mme de Grignan dans celle de Mme de Sévigné ou des réponses du destinataire inconnu des Lettres de la religieuse portugaise);
• œuvres (ou genres) dont tel auteur a longtemps rêvé sans jamais parvenir à en écrire autre chose que le titre (ou se décider à les pratiquer: ainsi du théâtre ou du cinéma pour tel romancier);
• bibliothèques entières inventées par un romancier (à l’instar de l’inventaire d’écrivains nazis dressé par Roberto Bolaño);
• textes amputés, «mangés par les rats» comme chez Rabelais; manuscrits troués de coup de couteau selon telle préface du chevalier de Mouhy ; pages tronquées verticalement comme chez Claude Ollier dans Fuzzy sets, ou pages évidées du Tree of codes de Jonathan Safran Foer, hanté par le fantôme de Bruno Schulz, etc.

Quel est donc le mode d’existence de ces textes que nulle bibliothèque n’a encore indexés mais qui n’en occupent pas moins une place, parfois décisive, dans le panorama de la littérature mondiale comme, bien souvent, dans notre mémoire de lecteur? Quelle puissance est celle des textes fantômes qui ne se laissent fixer entre nulle reliure, ni arrêter dans aucun rayonnage?

Dans la lignée de deux ouvrages récemment parus de J. Schlanger (Présence des œuvres perdues, Hermann, 2010) et de R. Chartier (Cardenio entre Cervantès et Shakespeare. Histoire d’une pièce perdue, Gallimard, 2011) dont Acta fabula a rendu compte au sein d’un dossier «Mémoire(s) de la perte», ainsi que d’un précédent ouvrage collectif initié par l’équipe Fabula (Théorie des textes possibles, Rodopi, 2012), cette livraison de Fabula-LHT se propose donc de croiser réflexion théorique et enquête historique, pour dresser le catalogue d’une bibliothèque des textes fantômes qui double (ou hante) les rayons de nos bibliothèques réelles ou (en un autre sens) virtuelles: comment parler des livres que l’on ne peut pas lire? 

Agenda et contact
Les propositions de communications (titre, résumé d’une page et bibliographie sélective) peuvent être adressées jusqu’au 15 juin 2014 aux deux adresses suivantes:

Marc.Escola@unil.ch et Marta.Caraion@unil.ch

Le colloque se tiendra à l'Unil les 30 et 31 octobre 2014. L’une de ces deux journées sera réservée aux interventions de doctorants.

Appel à contributions

Appel_coll_30-31oct2014.pdf  (234 Ko)

PROGRAMME

Jeudi 30 octobre
UNIL, BCU, salle 511

8h30 Accueil des participants
8h45 DEPRETTO Laure (Université Paris 8), La Bibliothèque des textes fantômes: pas perdus, salles vides
9h05 WAGNER Frank (Université de Rennes), Naissance, croissance et descendance des "livres-fantômes"
9h25 PESLIER Julia (Université de Besançon), Escrever de não escrever. L'héritage Pessoa. Hétéronymies, altérités littéraires et autres oeuvres fantômes dans la littérature contemporaine
9h45 LACHAT Jacob (doctorant Unil), Livre manquant, récit manqué: Les Faux Saulniers ou l'histoire au second degré
10h25 Discussion et pause
11h15 CAPEL Marie (doctorante Unil), De quoi les "textes fantômes" sont-ils révélateurs? L'exemple des écrits de Charroselle dans le Roman Bourgeois de Furetière
11h55 RIEDER Nicolas (doctorant Unil), Finis Africae: dans la bibliothèque fantôme d'Umberto Eco
12h35 Discussion
12h50 Pause

14h15 KREMER Nathalie (Paris 3), S'effacer pour durer: la destruction orchestrée de trois chefs-d'oeuvre
14h35 KOBLE Nathalie (Ecole normale supérieure, Paris) & SEGUY Mireille (Université Paris 8), D'après mémoire. Les proses fantômes de Jacques Roubaud
14h55 VIREDAZ Antoine (assistant diplômé Unil), Usage de faux. Paullus Merula et les fragments épiques latins
15h35 Discussion
16h BIONDA Romain (doctorant Unil), Le fantastique hante-t-il les études théâtrales?
16h40 TREMBLAY Isabelle (Collège militaire royal du Canada), Le roman épistolaire monophonique des Lumières, ou la construction d'un discours fantôme
17h00 Discussion et pause

17h30, Conférence de Pierre BAYARD, Critique internationniste et textes fantômes, INTERNEF, Auditoire 271

Vendredi 31 octobre
UNIL, BCU, salle 511

8h45 Accueil des participants
9h Introduction de la journée par François ROSSET, Doyen de la Faculté des Lettres, Quelques livres fantômes rencontrés dans les mondes utopiques
9h20 KAY Francis (doctorant Unil), Un texte hanté: l'évocation du Glossographe dans L'An 1888 de Rétif de La Bretonne
10h JEANNELLE Jean-Louis (Université de Rouen-IUF), Toutes les histoires des films qui ne se sont jamais faits: modalités de l'inadvenue au cinéma
10h20 Discussion et pause
11h30 LAVAULT Maya (Docteur de l'Université Paris 4), Le "Nouveau Roman" d'Annie Ernaux: un récit impossible?
11h50 ZENETTI Marie-Jeanne (Université Lyon 2), L'absente de toutes bibliothèques. Disparitions en série dans la littérature contemporaine
12h10 Discussion
12h45 Pause

14h THEVENAZ Olivier (MER Unil), "Le cadavre adoré": Sappho et sa réception (autour d'Ovide)
14h20 MURZILLI Nancy (Université de Gênes), Du texte fantôme au concept fantôme, le cas du Général Instin
14h40 RIGEADE Anne-Laure (Laboratoire ITEM, Paris), Ward I^er et II^e siècles, de l'oeuvre perdue à l'oeuvre réinventée
15h Discussion et pause
16h PERNOUD Hermeline (Université de la Sorbonne nouvelle, Paris 3), En conter des vertes et des pas mûres: Mythologie du texte source des contes de fées du XIX^e siècle
16h20 CAPT Vincent (Maître-assistant Unil), Le miroir ou l'oubli? Les écrits apparentés à l'art brut: histoire archivistique et théories du langage
16h40 JONGY-GUENA Béatrice (Université de Bourgogne) & FORGE Alice (doctorante en Arts plastiques à l'Université Paris 1), Les Editions Pyrodactyles ou la nostalgie de la littérature
17h Discussion
17h30 Clôture des journées

AfficheTextesFantomes.pdf  (392 Ko)

Résumés des présentations

Brochure_coll30-31oct14  (11922 Ko)

Conférences de Pierre Bayard

AfficheConfBayard1.pdf  (61 Ko)

AfficheConfBayard2.pdf  (73 Ko)