Récits de vie transnationaux
de Christine Rodier, Maître-Assistante, Chaire Migrations, diaspora, religions (ISSR)
L'initiative du Fond d’innovation pédagogique de l’Université de Lausanne (FIP), visant à valoriser la dimension pédagogique et didactique du travail universitaire a permis à plusieurs étudiant-e-s en cursus Bachelor de réaliser un atelier de terrain ethnographique au Maroc. Ce projet a pour objectif de contribuer à l'amélioration des conditions d’apprentissage des étudiant-e-s et à susciter une réflexion collective au sujet de l’enseignement et de l’apprentissage au sein de la communauté de l’UNIL.
Cet atelier de terrain comportait trois axes d’investigation :
- Reconstituer des trajectoires biographiques de migrant-e-s de nationalité marocaine résidant-e-s en Suisse en s'attachant non plus à saisir uniquement les seules caractéristiques du migrant dans le pays d'accueil mais investir son histoire avec le pays d'origine, au travers d'une culture et d'une communauté initiale d'appartenance au Maroc. L'objectif était ici de rencontrer l'environnement familial afin de saisir l’histoire familiale de ces migrant-e-s. Le terrain s’est déroulé en deux temps : Tout d'abord, les étudiants ont mené des récits de vie à Lausanne puis dans un second temps, des récits de vie effectués au Maroc, à Fès, Casablanca et Rabat. L'intérêt de cette approche était de saisir le double regard porté sur la migration et ses migrants : celui des migrants et de leurs familles sur la société d’accueil mais aussi celui porté sur le Maroc. Les interrogations étaient multiples. Quelle était la nature des relations entretenues au sein de la famille entre la Suisse et le Maroc ? Font-ils appel à des réseaux transnationaux ? Comment les migrants sont-ils perçus par leurs proches au Maroc ? Ces nombreux questionnements s’inscrivent dans les axes de recherche portés par la chaire Religions, migration, diasporas, notamment la question de l’invisibilité de la migration marocaine dans le canton de Vaud.
- Saisir par "immersion" la société marocaine musulmane au travers de ses croyances, pratiques et rencontres de multiples acteurs et actrices de la société civile. Comment s’organise une société où l’islam est la religion d’Etat ? Quels sont les rapports des individus à l’espace public et privé ? L'objectif était d'amener les étudiants à saisir les paradoxes et les ambivalences d’une approche "essentialisante" de la figure du « musulman » au profit d'une construction plurielle des appartenances. L'objectif de cet atelier était de saisir ici la pertinence des outils méthodologiques utilisés dans une situation d'immersion, à savoir les techniques d'investigation propres à l’anthropologie : observation participante, carnet de bord, entretiens.
- Exploiter les résultats et expériences de terrain à travers la réalisation, par les étudiants, de posters abordant chacun des thématiques liées à la migration, vues préalablement en cours. Ces posters seront affichés dans les couloirs de la Faculté à la rentrée universitaire 2013/2014. L’enseignante se chargera de retranscrire l’ensemble des entretiens réalisés, au total 35 entretiens et de réfléchir à cet atelier en tant qu’objet de recherche sur les modalités d’apprentissage des outils ethnographiques dans le cadre d’un enseignement.
Un article sur cet "atelier de terrain Maroc 2013" sera présenté dans le journal mensuel "Uniscope"
Nous remercions ici vivement le FIP, Eva Marzi, les étudiants et l'équipe de la chaire Religions, migration, diasporas dirigée par Monika Salzbrunn.