Bibracte : une capitale gauloise en Bourgogne
Niché au cœur du Morvan, le site de Bibracte se situe sur le Mont Beuvray. Si ce dernier a toujours fait l’objet d’une fréquentation humaine, il faut toutefois attendre la fin du IIe siècle av. J.-C. pour que les Eduens, peuple gaulois, décident d’y implanter leur capitale et de créer de toutes pièces une véritable ville. Enclose par un mur d’enceinte, elle abrite à son apogée une population que l‘on estime entre 5 000 et 20 000 habitants. Centre économique, politique et religieux, Bibracte est dotée entre autres de fortifications, de routes, de bâtiments publics et de quartiers artisanaux que plusieurs équipes internationales d’archéologues mettent au jour depuis plus de 20 ans.
L’équipe suisse, quant à elle, s’est concentrée de 1988 à 2002 sur le secteur du Parc aux Chevaux, où elle a fouillé une riche demeure de notable, s’apparentant à une résidence méditerranéenne (domus de PC1).
Les étudiants de l’UNIL ont ensuite usé leurs truelles durant cinq ans sur le Theurot et la Pierre de la Wivre. Sous l’éminence largement anthropique du Theurot de la Wivre, ils ont découvert les restes d’une petite maison, bien éloignée des fastes de PC1. Elle était en effet construite en matériaux légers (terre et bois) et devait abriter une famille d’artisans.
Enfin, depuis 2008, l’Université de Lausanne a changé de colline et s’est attaquée à un projet d’envergure : fouiller intégralement le plateau sommital du Theurot de la Roche, secteur probablement cultuel.
Voici les principaux résultats par années :
2008 : tranchée exploratoire ; découverte de l’emplacement d’un bâtiment maçonné (PS0).
2009 : fouille exhaustive du bâtiment PS0, découverte de fragment de statuaire en Bronze doré. Mise en évidence de niveaux antérieurs.
2010 : Fouille des niveaux antérieurs et ouverture d’un grand secteur au sommet de la colline. Découverte d’une halle en matériaux légers (10m x 3m), d’un nouveau bâtiment sur poteaux au sommet (temple ?) et d’aménagement importants taillés dans la roche, dont le fond n’est pas encore atteint (cercle de 3m de diamètre / rectangle de 3m sur min. 2m).
2011 : La fouille de l’été 2011 a permis de découvrir toute la surface du bâtiment sommital PS 13 qui se présente sous la forme d’un carré de 7 m de côté. Sa fonction n’est pas encore établie avec certitude (temple, autel couvert ?), mais elle semble être liée au domaine religieux. Une grande esplanade vide se développait au nord de cette construction. La fosse rectangulaire PS 14 découverte en 2010, quant à elle, se trouve être un bâtiment semi-enterré où a été déposée une épaisse couche cendreuse contenant, entre autres, de très nombreuses céramiques cassées puis brûlées, ainsi qu’un umbo de bouclier. Enfin, la fosse cylindrique PS 15 n’a pas pu être entièrement fouillée (min. 2,50 m de prof.). Un puits en pierre sèche y a été découvert, ainsi qu’une étrange couche de charbon et de cendre confinée entre les parements de cette structure, contenant, entre autres, de la bouillie carbonisée, ainsi qu’une perle en bois brûlée.
La fouille de l’année prochaine permettra, nous l’espérons, d’arriver au fond de cette structure très énigmatique avec l’aide de professionnels (puisatiers).
2012 : Documentation complète de l’édifice sommital PS 13, bâtiment de plan centré de 13 m x 13 m d’époque augustéenne et exploration d’une large fraction du plateau et des talus contemporains. Fouille partielle du puits PS 15, daté de la première moitié du Ier s. av. J.-C., en collaboration avec une équipe spécialisée de l’entreprise EVEHA.
2013 : Fin de la fouille du puits PS 15, permettant de mettre au jour un mobilier céramique et métallique abondant (vaisselle dorée exogène, représentations zoomorphes, fragments de bassin). Exploration de l’intégralité du plateau et de la rampe est (accès principal au sommet présumé). Découverte de trois édifices de la première moitié du Ier s. av. J.-C. : PS 17, cave ou bassin aménagé long de 6 m et profond de 1,4 m, PS 16, bâtiment dont il ne subsiste que peu de traces, et PS 18, structure semi-excavée de 6 m x 4 m et dont la fouille devra être terminée en 2014.
2015 : Une dernière campagne sur le Theurot de la Roche a permis d'en terminer l'exploration des vestiges. L’ensemble des données recueillies, en cours d’étude, fera l’objet d’une publication dont la parution est prévue entre 2023 et 2024.