9h15 | U. Heidmann «Littérature comparée et tradition classique» Cette conférence propose quelques réflexions d'ordre interdisciplinaire au sujet de l'importance des textes anciens pour l'étude comparative des cultures et littératures européennes, des enjeux d'une méthodologie de la comparaison et du concept de dialogue intertextuel pour aborder les problèmes de source et de filiation. |
9h55 | R. Wachter «Fouiller les mots. L'histoire de la langue comme partie de la tradition classique» La tradition classique se manifeste le plus clairement dans les textes grecs et latins qui ont profondément influencé la pensée de notre culture occidentale. De plus, les témoignages archéologiques notamment en Grèce et en Italie de même que les oeuvres d'art splendides se trouvant dans les musées du monde entier ont inspiré maints architectes et artistes jusqu'à nos jours. Mais il existe un troisième fond dans lequel l'antiquité se conserve et que nous utilisons tous les jours, généralement sans nous en rendre compte: c'est la langue. Nous verrons pourquoi il vaut la peine de mener ces fouilles qui se trouvent toutes ouvertes devant nous yeux. |
10h35 | V. Barras «La "tradition classique" de la médecine» Le fossé semble immense entre la médecine de l'époque moderne (XVI-XVIIIe siècles), sa langue, sa pensée, ses pratiques, et celles des siècles ultérieurs. La proximité avec l'antique, par contre, saute immédiatement aux yeux. Faut-il pour autant parler, dans l'histoire de la médecine, d'une simple césure séparant l'antique - qui aurait duré d'Hippocrate jusqu'au XIXe siècle - et le contemporain? Sans minimiser l'importance de cette césure, qui occupe une large part des réflexions en histoire de la médecine, il convient de se pencher sur les fonctions que le rapport avec le passé antique a si longtemps rempli, voire continue de remplir, dans l'idéologie, dans la capacité réflexive de la médecine. |
11h15 | Pause |
11h40 | F. Gregorio et C. König-Pralong «Un épisode de la tradition de l'éthique grecque au XIIIe siècle : la figure du philosophe divin» En 1247, l'évêque de Lincoln Robert Grosseteste donne la première traduction latine intégrale de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote. Il y joint la traduction de commentaires byzantins de l'Éthique. Dans le même temps, le monde latin hérite de la philosophie arabe. Ce nouveau dossier de textes philosophiques produit des lectures divergentes par rapport aux standards de la morale chrétienne latine : la figure nouvelle du philosophe divin émerge. |
12h20 | E. Barilier «L'homme est-il merveilleux ou terrible?» Pour Heidegger, un seul mot de l'Antigone de Sophocle, le mot "δεινόν" suffit à fonder toute la métaphysique occidentale. Ce qui est sûr, c'est que les diverses traductions de ce mot, au fil des siècles et jusqu'à nos jours, ont façonné notre moderne approche de l'homme, et de son mystère. |
13h00 | Repas |
14h00 | S. Romano «Rhétorique et narration dans la peinture médiévale : les dettes à l'Antique» La conférence abordera le vaste thème de la technique narrative médiévale, en analysant le problème des niveaux rhétoriques du discours, notamment en relation à leur position dans les divers secteurs de la paroi. |
14h40 | C. Michel «Changement du canon ou changement du regard? Le basculement de la tradition classique à la fin du XVIIIe siècle» Le "retour à l'antique" qui semble définir historiographiquement l'ensemble des productions artistiques de la fin du XVIIIe siècle est généralement associé aux découvertes archéologiques des villes de Campanie. Il s'agit dans cette communication de montrer comment c'est plutôt un regard renouvelé sur des oeuvres connues depuis la Renaissance qui modifie la pratique des artistes. Plus que d'un retour à l'antique, il conviendrait de parler d'une mutation du rapport à l'antique. |
15h20 | N. Forsyth «Milton : son exploitation de la tradition antique» On a l'habitude d'inscrire Milton dans la tradition des grands écrivains littéraires de l'antiquité. Et c'est lui, bien sûr, qui nous dirige vers Homère, Virgile, Ovide, auteurs de grandes épopées qu'il cite souvent, parfois de façon explicite, dans Le paradis perdu, ou encore vers Eschyle, Sophocle, et Euripide qui sont ses modèles pour Samson Agonistes. Mais il y a aussi une autre tradition classique qui est d'une importance capitale pour ce grand révolutionnaire: la littérature "républicaine", de Platon et Cicéron à Lucain, une tradition qui arrivait directement à Milton par ses études, mais qui passait aussi par des auteurs comme Machiavel, et qui faisait partie intégrale des discours de la révolution anglaise. Y a-t-il une contradiction entre ces deux aspects de sa relation à l'antiquité? |
16h00 | Pause |
16h30 | A. Paschoud «Athalie de Racine à la lumière des sources hébraïques et grecques : le conflit des sacralités» OEuvre de commande destinée aux chastes pensionnaires de Saint-Cyr, Athalie (1690) marque la fin de la carrière théâtrale de Racine. Inspirée des grands textes de l'Ancien Testament, notamment le Livre des Rois, cette pièce puise également dans un vaste ensemble de sources grecques dont Ion d'Euripide. Tragédie du "schisme" (Roland Barthes), Athalie réforme dans le sens de la foi un matériau antique disparate offert aux variations sur la mort, le pouvoir, la filiation, l'origine obscure et l'élection. Plus précisément, la tragédie fait grand usage du mysterium tremendum que suggère le Dieu de l'Ancien Testament : "terreur", "horreur", "tremblement", mais aussi "ravissement" et "éblouissement" sont autant de termes qui se rapportent à une fascination pour ce que nous nommerions aujourd'hui le sacré. En peignant non sans ambiguïtés la lutte qui oppose Dieu et les dieux, Athalie présente un rapport différentiel avec le tragique. |
17h10 | P. Voelke «Les Electre d'Antoine Vitez» Depuis quelque cent cinquante ans, les représentations de tragédies grecques se sont multipliées sur les scènes occidentales. Entre recherche d'effets propres à souligner la distance temporelle et mise en évidence d'un propos pertinent - souvent politique - pour le spectateur moderne, ces mises en scène constituent par excellence un lieu où se négocie notre rapport à l'Antiquité. Comme exemples de cette appropriation moderne de la tragédie grecque, nous examinerons les trois mises en scènes de l'Electre de Sophocle proposées par Antoine Vitez en 1966, 1971 et 1986. Se tenant d'emblée à l'écart de toute tentative de restitution de type archéologique, mais également de toute actualisation qui nierait l'histoire, Vitez s'efforce de faire de ses mises en scène un point d'articulation entre le présent et l'antique, propre à faire émerger la pérennité des idées inscrites dans une pièce qu'il assimile à un «théorème». |