Eburodunum/Yverdon-les-Bains : une ville traversant les âges
L’Université de Lausanne, après avoir fouillé la villa d’Orbe durant 18 ans et découvert le temple du Chasseron en 2005, s’est attaquée entre 2006 et 2009 à l’exploration d’un quartier de l’antique Eburodunum.
La ville d’Yverdon-les-Bains, située sur la rive occidentale du lac de Neuchâtel, à l’embouchure de la Thièle, occupe une position privilégiée dans la géographie du Plateau suisse. Cette situation avantageuse, au carrefour d’importantes voies de communications, est sans nul doute à l’origine de la longue fréquentation que le site a connue durant l’Antiquité, dont les occupations s’échelonnent dès le VIIe siècle avant notre ère jusqu’au haut Moyen Age.
La fouille-école de l’Institut a porté sur un quartier se situant le long de l’ancien cours de la Thièle, dont le tracé correspondait à celui de l’actuel canal oriental. L’exploration de cette parcelle a permis de mettre au jour les vestiges de plusieurs agglomérations, datant de l’époque gauloise à la toute fin de la période romaine.
Un des temps forts de ces fouilles a été la découverte du segment septentrional du rempart gaulois (80 av. J.-C.) qui englobait l’agglomération. Il était composé de deux rangées de poteaux inclinés, d’un parement en calcaire et d’une grande rampe de terre.
Cette ville a été abandonnée peu avant notre ère, mais le quartier renaîtra et sera densément occupé dès les premières années après J.-C. Premièrement dédié au commerce fluvial, ce secteur a connu plusieurs remaniements, avant de décliner, comme le reste de l’agglomération, à partir du IIIe siècle.
Sous Constantin, vers 320, un castrum puissamment fortifié fut édifié pour abriter des troupes militaires. Si cette forteresse se situe juste hors de la surface de fouille de l’IASA, les étudiants on pu mettre au jour le fossé défensif de cet ouvrage, ainsi qu’une route contemporaine qui le longeait.
Ces campagnes, contrairement à Orbe et au Chasseron, n’étaient pas des fouilles programmées, mais préventives ; elles étaient donc limitées dans le temps, tributaires de la construction d’un immeuble. L’IASA devra donc trouver un nouveau chantier-école sur terre helvétique pour l’année 2011.