Table des matières
Avant-propos, p. VII-X
Karl Reber : « KÊPOS » – le jardin en Grèce antique, p. 1-20
L’étude des jardins en Grèce antique révèle que les maisons privées n’étaient pas entourées de jardins comme nos maisons contemporaines. La maison grecque s’oriente vers l’intérieur, mais généralement, la cour centrale n’était pas pourvue d’un jardin. En revanche, il est probable que les habitants plantaient des fleurs ou des herbes aromatiques dans des pots à fleurs. Dans les villes grecques, les zones de verdure se trouvaient surtout sur les places publiques ou autour des sanctuaires. Les jardins privés se situaient à l’extérieur des villes, de même que les grands parcs autour des gymnases et des écoles philosophiques, telle l’Académie de Platon.
David Bouvier : Les jardins de l’Odyssée, lieux de l’ambiguïté et de la mémoire, p. 21-48
La poésie grecque archaïque est riche de prairies, jardins enchanteurs, souvent au bout du monde. Mais le héros grec se méfie de la magie de ces lieux divins. Il sait leur ambiguïté, leurs liens secrets avec Eros et Thanatos. Il sait le danger à vouloir cueillir quelque narcisse ou goûter au fruit du lôtos. Il découvre l’envers de la prairie fleurie de l’île des Sirènes : un rivage jonché d’ossements et de chairs putréfiées. Suivons Ulysse dans son Odyssée : il n’aspire guère à s’évader ni à demeurer dans ces lieux paradisiaques qu’il traverse et où le printemps semble s’éterniser. Un autre jardin l’attire, celui que cultive en son absence, dans son île natale, son vieux père, un jardin où les arbres ont son âge et où sa mémoire a ses racines. Dans la poésie homérique, l’expérience du jardin est une expérience du temps rythmé des saisons. Et c’est finalement dans ce temps que le héros veut habiter, loin de l’âge d’or. L’Odyssée ne chante pas la quête d’un paradis perdu.
Thierry Luginbühl : Arbres et bois « sacrés » dans le monde celtique et gallo-romain. Approche taxinomique, p. 49-86
Moins bien connus que leurs équivalents grecs, romains ou germaniques, les arbres et les bois « sacrés » celtiques peuvent néanmoins être étudiés en croisant différentes catégories de données littéraires et archéologiques. Malgré leur hétérogénéité et leur caractère lacunaire, ces données permettent de caractériser et d’illustrer plus d’une douzaine de formes de sacralisation d’un arbre et six d’un espace boisé, qui trouvent pour la plupart des parallèles dans les cultures méditerranéennes et nordiques.
Brigitte Maire : Le jardin qui soigne, p. 87-114
Le jardin romain est à la fois un garde-manger et une pharmacie : les Anciens y trouvent leur nourriture ainsi que les principaux ingrédients de préparations à visée diététique et thérapeutique. Les médecins antiques ont élaboré sur les herbes, plantes, légumes et fruits un savoir complexe à partir de sources diverses tant écrites (traités médicaux) qu’orales (médecine des campagnes) qui leur permet de proposer de multiples solutions thérapeutiques aux principales affections connues dans l’Antiquité. La formulation de ces recettes, dans lesquelles une large place est ménagée à ce qui aujourd’hui relèverait de la magie, de l’irrationnel ou de la superstition, confronte le lecteur moderne à un système de valeurs et d’analyse différent du sien, et l’invite à envisager, sous un angle nouveau, l’histoire culturelle des sociétés anciennes et modernes.
Michel E. Fuchs : Jardins romains au nord des Alpes : entre ville et campagne, p. 115-146
Célébré par les textes antiques autant que par les peintures pompéiennes, le jardin romain est connu de longue date pour la diversité de sa végétation, la qualité de son ornementation. Les fouilles et les analyses menées dans la région campanienne et à Rome même permettent aujourd’hui de nuancer le propos, de différencier le verger du jardin potager, le lieu planté de vigne ou de fleurs pour le marché du jardin d’agrément. En Espagne et au Portugal comme en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Suisse, de récentes découvertes ont mis en évidence l’organisation de jardins de villas de campagne et de maisons de ville. L’archéobotanique précise peu à peu la liste des plantes rencontrées. L’étude des décors, le plan des vestiges laissés à l’intérieur des enclos et des portiques et le décompte des espaces ouverts de l’habitat et des monuments publics offrent une vision partielle mais déjà riche du jardin dans les provinces de Gaule et de Germanie sous l’Empire.
Florence Bertholet, Les jardins funéraires à l’époque romaine, p. 147-184
Les Romains ne concevaient pas la mort comme une fin. Bien au contraire, l’âme du défunt habitait le tombeau dans lequel était conservée sa dépouille. Ses proches avaient pour devoir d’honorer sa mémoire et de partager avec lui des repas commémoratifs. Un soin tout particulier était également accordé au cadre naturel entourant les sépultures. Ainsi de véritables jardins étaient développés, à l’image de ceux que les disparus avaient connu durant leur existence terrestre. En recoupant les informations transmises par les textes des auteurs antiques, les inscriptions funéraires – exemples concrets – et les rares découvertes archéologiques, on parvient à restituer l’aspect et les fonctions de ces jardins.
Biographies des auteurs, p. 185-188