Même si la bibliographie d’André Wyss embrasse un large domaine (on ne citera ici que quelques titres), la poésie et la musique, celle des mots et celle des musiciens, ont été de toute évidence au cœur de ses préoccupations, et lorsqu’il parle des poètes, c’est leur chant qui s’impose à lui (La voix s’est tue, reste le chant – Hommage à Jean Cuttat, 1994).
Chez André Wyss, cet amour de la musique, approfondi comme critique musical durant des années au Journal de Genève mais aussi réalisé dans la pratique de la musique et comme choriste d’un ensemble réputé de notre ville, s’associe au goût sensuel des mots (La voix, la poésie, 2006), mais sans que s’y perde la rigueur du savant (Langue et style, L'Imitation théâtrale, Remarques lexicologiques, Prononciation, 1996).
Cette exigence scientifique se manifeste lorsqu’il indique parmi ses axes de recherches la stylistique et la stylistique historique (Les doctrines orthographiques au XVIe siècle en France, 1989); il a d’ailleurs étudié la linguistique générale à Genève.
La pratique de la musique s’accompagne de l’attention au fait musical et théâtral dans sa réalité matérielle, par exemple lorsqu’il s’intéresse à la Fête des Vignerons (Fabrique de la Fête : François Debluë, Michel Hostettler, Jean-Claude Maret, François Rochaix : quatre des créateurs de la Fête des Vignerons 1999 s'entretiennent de leur travail avec André Wyss, 1999) et qu’il publie Paroles, prosodie, spectacle (De la musique dans la Fête des Vignerons de 1999, entretien avec Michel Hostettler).
Enfin, l’amour de son pays d’enfance tout autant que celui des livres l’auront fait le défenseur et l’illustrateur de la littérature du Jura (Alexandre l'Ajoulot. Hommage à Alexandre Voisard, 1991; Anthologie de la littérature jurassienne 1965-2000, 2000; Un grand absent de l’anthologie de la littérature jurassienne : Charles Racine, 2002).
Dans son enseignement, André Wyss a naturellement suivi ses goûts, allant jusqu’à proposer des séminaires sur la chanson moderne, notamment sur Georges Brassens, mais sans qu’il oublie ses études de philosophie et le goût des idées, qui l’ont amené à proposer des séminaires plus théoriques, dont témoigne par exemple ce titre : La rhétorique spéculative, donné en 2003. Le descriptif de ce séminaire nous fournira la conclusion de ce bref portrait, avec cette phrase qui donne peut-être la quintessence de ce qu’André Wyss a défendu dans son enseignement, dans ses écrits et dans sa personne:
L'expression courante ‘C’est un littéraire’ n’est pas une insulte.
François Spaltenstein
Dates clés:
- Naissance en 1947
- Professeur ordinaire à la Faculté des lettres (1987)
- Vice-doyen de la Faculté des lettres (1999-2002)
- Doyen de la Faculté des lettres (2002-2006)