Professeur ordinaire d’histoire contemporaine à la Section d’histoire de la Faculté des lettres de l’UNIL depuis 2006, Sébastien Guex accède au statut de professeur honoraire.
Professeur ordinaire d’histoire contemporaine à la Section d’histoire de la Faculté des lettres de l’UNIL depuis 2006, Sébastien Guex accède au statut de professeur honoraire.
Né en 1956 dans une famille de la petite bourgeoisie intellectuelle vaudoise, Sébastien Guex accomplit ses écoles primaires et secondaires à Lausanne. Hésitant entre des études de médecine et de sciences politiques, il opte finalement pour la Faculté des sciences sociales politiques de l’Université de Lausanne, où il s’inscrit en 1974. Il obtient sa Licence en 1979, avec un mémoire (dirigé par le Prof. F. Masnata) consacré à l’histoire du Parti communiste suisse entre 1936 et 1941. Inscrit en Faculté des lettres en 1978 (Histoire, Géographie, Economie Politique, Littérature française), il suit, en particulier, les enseignements du Prof. Hans Ulrich Jost, arrivé à Lausanne en 1981, dont il devient l’assistant en 1983. Effectués sous la direction de ce dernier, son mémoire de Licence (1985) et sa thèse de Doctorat (1992), publiée en 1993 chez Payot, portent sur la politique monétaire et financière de la Suisse entre 1900 et 1924.
Dans ses premières recherches, Sébastien Guex développe une analyse fortement marquée par le matérialisme historique et la sociologie financière, dans sillage des travaux développés par des auteurs tels que Rudolf Goldscheid (1870-1931), Joseph Schumpeter (1883-1950), Fritz Karl Mann (1883-1979), Michael Krätke (1949- ) ou encore, dans l’espace francophone, par Jean Bouvier (1920-1987) et Suzanne de Brunhoff (1929-2015). A la fois intéressé par l’histoire des finances publiques (L’argent de l’Etat, 1998) et par celle de la place financière helvétique, il publie également, entre 1996 et 2000, une série d’articles sur la genèse du secret bancaire suisse qui montrent que, contrairement à la légende dorée forgée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la pratique et le renforcement de celui-ci, en novembre 1934, ont obéi à des stratégies commerciales et fiscales et non à des motivations humanitaires (protéger les déposants étrangers, Juifs en particulier, des persécutions nazies).
Une bourse FNS obtenue au début des années 1990 le conduit en Allemagne où il effectue des recherches approfondies sur les relations économiques germano-suisses entre 1930 et 1945. Dès le milieu des années 1990, la crise des fonds dits « en déshérence » et la formation, en décembre 1996, de la Commission Indépendante d’Experts Suisse-Seconde Guerre mondiale (Commission Bergier) confère à cette thématique une actualité à la fois nouvelle et centrale. Devenu Maître-assistant (1992-1998) à la Faculté des lettres puis Professeur assistant à cette dernière Faculté ainsi qu'à la Faculté des sciences sociales et politiques (1998-2004), Sébastien Guex intervient régulièrement sur ces questions controversées qu’il connaît bien, ce qui lui vaut d’acquérir— en dépit de sa réputation d’historien marxiste engagé — une certaine légitimité dans la Cité et de gagner en visibilité sur le plan médiatique et national.
Entré en 1989 au Comité de la Société suisse d’histoire économique et sociale, il contribue à y maintenir vivant l’esprit critique et novateur qui avait conduit à la naissance de celle-ci, en 1981. Dans le même esprit, il participe, en 1994, à la fondation de Traverse. Revue d’Histoire, et officie au comité de rédaction de cette publication trimestrielle bilingue jusqu’en 2007. Impliqué depuis 1994 dans la publication des Documents Diplomatiques Suisses, il rejoint en 2006 la Commission nationale qui préside à leur édition scientifique.
À côté de ses activités académiques, cet historien atypique se signale par un engagement militant soutenu, qui le situe sur la nette gauche de l’échiquier politique. Entré à la Ligue Marxiste Révolutionnaire dans les années 1970, il contribue à l’émergence du mouvement solidaritéS, au début des années 1990, il sera élu, pour ce mouvement, Conseiller communal de la ville de Lausanne en 2011. Actif dans la création d’Attac-Suisse, il milite dans le courant altermondialiste et figure parmi les fondateurs de l'ONG internationale Tax Justice Network. Enfin, à une échelle plus locale, il est un des membres fondateurs, en 1987, du Groupe Regards Critiques, qui joue depuis plus de trente ans un rôle séminal dans la vie associative et intellectuelle des étudiant·e·s de l’Université de Lausanne.
Nommé professeur ordinaire d’histoire contemporaine en 2006, Sébastien Guex a su, avec ses collègues contemporanéistes de la Section d’histoire, reprendre et développer de manière originale l’héritage protéiforme laissé par son prédécesseur, H. U. Jost. Ses thèmes d’enseignement, qui sont allés de l’histoire du mouvement ouvrier suisse, dont il est un fin connaisseur, à celle des relations internationales, en passant par l’histoire du capitalisme helvétique, de la fiscalité, de la criminalité financière ou encore du marché de l’art, en témoignent largement. Ses nombreuses publications scientifiques ainsi que les mémoires de Master et thèses de Doctorat qu’il a dirigés au cours de sa carrière, ont sensiblement enrichi l’historiographie suisse du XXe siècle et ont contribué à faire la Section d’histoire de la Faculté des lettres un pôle de référence incontournable en matière d’histoire économique et sociale de la Suisse, tout particulièrement pour ce qui concerne l’histoire de la place financière, l’histoire de la fiscalité et l’histoire des finances publiques. Il travaille actuellement à la rédaction d’un ouvrage sur le processus qui, du début du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, mène à l’émergence de la Suisse comme paradis fiscal.