Doris Jakubec, professeure honoraire de la Faculté des lettres

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Doris Jakubec, née en 1939, a tracé un parcours scientifique et académique étroitement associé à la création et aux activités du Centre de recherches sur les lettres romandes (CRLR), institut au développement duquel elle a travaillé pendant presque quarante ans. En tant qu'assistante, puis collaboratrice scientifique de Gilbert Guisan, qui a fondé le CRLR en 1965, elle a été la cheville ouvrière de plusieurs publications d'envergure, en particulier des six volumes de C.F. Ramuz, ses amis et son temps, de la correspondance entre Ramuz et Alexandre Cingria, ou encore de la production littéraire du peintre Félix Vallotton.

Elle a par ailleurs conçu de nombreux numéros spéciaux d'Etudes de lettres, la revue de la Faculté des lettres dont elle a longtemps assumé le secrétariat de rédaction: autant de réalisations qui ont permis de mieux faire connaître des auteurs tels que Fernand Chavannes, Catherine Colomb ou Edmond Gilliard, à une époque où les études critiques portant sur leur œuvre faisaient entièrement défaut.

Comme ces renvois allusifs le soulignent, la littérature de la première moitié du XXe siècle a été l'un des domaines de prédilection de Doris Jakubec. La figure de Ramuz et le groupe d'artistes gravitant autour des Cahiers vaudois y occupent une place capitale. C'est à un auteur mineur lié à ce cénacle, Sylvain Pitt, qu'elle a consacré sa thèse de doctorat, dans laquelle elle interroge une trajectoire d'écrivain atypique et significative. Ramuz lui-même a été au centre de ses préoccupations depuis le moment où, succédant à Gilbert Guisan, elle a été nommée professeure associée et directrice du CRLR en 1981. Elle lui a d'une part accordé régulièrement une place dans son enseignement, grâce auquel la littérature d'ici a pleinement acquis le droit de cité dans nos murs. Elle a d'autre part, à travers diverses entreprises éditoriales, dont la publication de trois volumes de nouvelles, croquis et morceaux, puis d'un volume de critiques d'art, préparé la voie conduisant au chantier de l'édition des romans de Ramuz dans la Bibliothèque de la Pléiade, travail qui l'absorbe à l'heure actuelle.

Un autre grand pôle dans l'enseignement et les travaux critiques de Doris Jakubec a été la poésie de Suisse romande. Si elle a approché les grandes figures tutélaires de Gustave Roud, Pierre-Louis Matthey et Edmond-Henri Crisinel, elle a aussi accordé une attention constante aux voix contemporaines, à commencer par celles de Philippe Jaccottet et d'Anne Perrier. A l'écoute de la littérature en train de se faire, elle a su dégager l'intérêt et la portée d'œuvres comme celles de Catherine Safonoff ou d'Amélie Plume. Mais les sujets auxquels elle a touché sont trop nombreux pour qu'on puisse songer à tous les mentionner: d'Alexandre Vinet à Monique Saint-Hélier, de Madame de Charrière à Guy de Pourtalès, la liste défie les chronologies, les frontières génériques et même l'ordre alphabétique. Un champ dont l'étendue est attestée aussi par la quantité et la variété des travaux de mémoire et de thèse qui ont été conduits sous sa direction, et qui témoignent de l'apport très considérable dont notre université a bénéficié grâce à son engagement et à sa conviction.

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