Serena Romano, professeure honoraire de la Faculté des lettres

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Professeure ordinaire d’histoire de l’art médiéval à l’UNIL depuis 1996, Mme Serena Romano accède au statut de professeure honoraire.

Après avoir fait ses études à l’Université de Rome « La Sapienza » auprès de maîtres tels que Giulio Carlo Argan et Angiola Maria Romanini, Serena Romano s’est rendue à Venise pour y occuper la fonction de responsable des restaurations des œuvres d’art auprès de la Soprintendenza dei beni ambientali ed architettonici. Après quelques années de travail sur le terrain, elle est retournée à Rome pour y prendre le poste de directrice du Gabinetto Fotografico Nazionale de l’Institut central pour le catalogage et la documentation des œuvres d’art (ICCD). En 1996, elle devient professeur ordinaire d’histoire de l’art médiéval à l’Université de Lausanne, poursuivant ainsi la tradition lausannoise d’études italiennes de ses prédécesseurs Enrico Castelnuovo et Carlo Bertelli. En vingt-et-un ans d’enseignement, avec plus d’une douzaine de thèses, presque une quarantaine de mémoires de maîtrise et la fondation d’un Master of Advanced Studies « Conservation du patrimoine et muséologie » pluri-institutionnel (UNIL/UNIGE/UNIFR) à son actif, elle a considérablement contribué au profil international de la Section d’histoire de l’art. 

Son parcours très varié lui a permis de combiner nombre d’intérêts qui lui sont propres : d’abord la passion pour l’œuvre même, son état matériel, physique, qu’il faut documenter et analyser ; puis, l’attention au contexte historique souvent complexe de l’œuvre d’art, aux sources et aux conditions de la création. Ses analyses recourent ainsi à des approches variées et adoptent des perspectives multiples pour développer une compréhension plus profonde des œuvres. Très ouverte d’esprit, elle s’est intéressée aussi bien à de fines analyses stylistiques qu’à des discussions théologiques détaillées, à l’iconographie comme à l’histoire des commanditaires, à la narrativité comme à l’orfèvrerie, à la peinture comme à la sculpture. 

Son premier champ d’investigation a été la peinture italienne du XIVe siècle. Sa tesi di laurea portait sur des problèmes iconographiques de la grande chapelle des Espagnols dans le couvent de Santa Maria Novella à Florence. Suivirent de nombreuses publications dans ce domaine, particulièrement sur le grand chantier d’Assise aux XIIIe et XIVe siècles (2001) – véritable berceau de la peinture gothique italienne – et sur les liens qui unissent art, liturgie et cérémonial (2002).

Bien consciente du rôle déterminant de l’Antiquité pour la culture européenne, elle s’est également occupée, de manière toujours renouvelée, de l’impact que cette culture a eu sur le Moyen Âge. Spécialiste de la peinture à Rome et dans le Latium, elle a combiné dans son livre Eclissi di Roma (1992) une vue d’ensemble de la production picturale médiévale de la ville éternelle avec toute une série de nouvelles découvertes. Cette longue familiarité avec l’art de la région trouve son couronnement dans les six volumes du Corpus et atlante. La Pittura medievale a Roma, 312-1432, qu’elle a codirigé, et qui soulignent l’importance des œuvres et des innovations individuelles autant que de la tradition artistique de la ville depuis ses origines antiques. Dans son livre La O di Giotto (2008), elle livre un discours qui fait voir une Antiquité désormais disparue avec les yeux d’un des plus grands peintres du Moyen Âge italien. 

Sa vigueur dans la recherche ne s’est pas seulement exprimée dans un grand nombre de projets qu’elle a pilotés – quatre projets FNS et deux projets Sinergia –, mais aussi dans leur étendue thématique. Après deux publications sur Naples (Il duomo di Napoli dal paleocristiano all’éta angioina, 2002 ; Le chiese di San Lorenzo e San Domenico. Gli ordini mendicanti a Napoli, 2005) et ses multiples travaux sur Rome, elle s’est consacrée à l’expression artistique d’un processus historique nommé « Constructing Lombard Identity » avec une équipe de recherche constituée de membres de l’UNIL, de l’EPFL et des universités de Zurich et de Genève. Y trouvèrent leur origine toute une série de publications (L’artista girovago, 2012 ; Arte di corte in Italia del Nord, 2013 ; Modernamente antichi, 2014 ; Courts and Courtly Cultures in Early Modern Italy and Europe, 2016) sur la culture nobiliaire du XIVe et du XVe siècles. Elle a ainsi parcouru, littéralement, toute l’Italie du Moyen Âge.

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