325 (2024/4) Le nocturne. La nuit éclairée par la musicologie et l’histoire de l’art - Édité par Constance Frei

Ce volume, pluridisciplinaire, s’intéresse au nocturne en proposant deux axes de réflexion: le premier analyse la nuit comme foyer de l’imagination et de la fantaisie, l’autre s’oriente sur sa «fabrique» en examinant les outils, le langage et les systèmes déployés pour représenter cet univers.

L’ouvrage réunit des travaux explorant la polysémie du nocturne dans le répertoire musical savant occidental illustrée par les scènes de sommeil dans l’opéra baroque, le portrait structurel et formel du nocturne pianistique romantique, les déclinaisons de la nuit chez Puccini ou encore chez Messiaen et les métamorphoses des pratiques sociales avec l’arrivée de la «nuit artificielle» dans les salles de concert. Une étude sur les procédés employés par les graveurs anglais pour représenter l’obscurité vient enrichir la thématique. L’ensemble se conclut par une édition moderne de l’Essai sur les transparents publié à Londres en 1807 par Edward Orme, et réédité ici pour la première fois après plus de 200 ans de silence.

SOMMAIRE

Constance Frei — Introduction. Noire ou blanche, la nuit dans tous ses éclats (p. 7-12)

Brenno Boccadoro — Sommeil et humeur noire en musique au XVIIe siècle (p. 13-40)

Dans les premières décennies du Seicento italien, après avoir trouvé un terrain favorable dans le madrigal italien, l’imitation du sommeil se farde le visage pour élire domicile dans l’opéra vénitien. Une analyse des grandes scènes de sommeil ponctuant le premier opéra baroque peut prouver la quasi-omniprésence de la rhétorique de l’humeur noire, des ingrédients du genre mollis aux tétracordes phrygiens descendants, en passant par les intervalles chromatiques et diminués, les basses profondes de passacaille et les figures de la repetitio, dont l’anadiplose à la source de l’ostinato.

Constance Frei — Le nocturne pianistique sous l’œil des théoriciens : contrainte et liberté de la forme (p. 41-66)

De quelle manière les compositeurs du XIXe siècle structurent-ils le nocturne? Existe-t-il une forme fixe, propre à ce genre? Si Field et Chopin sont reconnus comme les «pères» du nocturne, il convient de se tourner également vers les ancêtres de cette «mise en scène sonore» – comme la sérénade –, porteurs d’une rhétorique de la nuit. Pour répondre à ces questions, une enquête s’impose à travers les sources qui émaillent l’histoire de la musique (XVIIe-XXe siècles): dictionnaires, encyclopédies, méthodes, journaux, préfaces et correspondances. L’objectif est ici de peindre le portrait structurel et formel du nocturne pianistique, un genre emblématique de l’ère romantique.

Federico Terzi — «Questa notte nessun dorma in Pekino!…»: la declinazione poetica, musicale e scenica del notturno nella Turandot di Giacomo Puccini (p. 67-90)

Nella Turandot di Giacomo Puccini (prima rappresentazione: Teatro alla Scala, 25 aprile 1926) il notturno ricopre un duplice ruolo: da un lato, esso è il quadro diegetico della narrazione; dall’altro, è simbolo della metamorfosi interiore della protagonista, la principessa cinese Turandot. L’articolo dettaglia tale duplice significato analizzando come esso prenda forma nel corso dell’opera. Al riguardo, vengono studiate tre possibili declinazione della notte di Turandot: quella poetica (libretto), quella musicale (partitura) e quella scenica.

Jacques Tchamkerten — Olivier Messiaen, de nuits et d’étoiles (p. 91-114)

Lumière, couleur, oiseaux : Messiaen est par essence un musicien diurne, que son intense foi chrétienne porte vers l’éblouissement de la Présence révélée. Il en va comme si le musicien associait, dans un tout, nuit et mort comme des « no man’s land » temporels qui n’existent que par ce qui leur succédera, pour aboutir à la Résurrection. Celle-ci est, pour Messiaen, une réalité qui, s’ouvrant sur l’éternité, abolit le temps dans une éternelle lumière dont sa musique, dialogue entre le son et la couleur, entre le temps et l’espace, est l’image prémonitoire.

Céline Eliseev — Extinction des feux! La question de l’éclairage de la salle de concert (p. 115-136)

Cet article explore les relations entre nuit et musique au travers de la question de l’éclairage des salles de concert. On comprend l’intérêt de l’obscurité au théâtre lorsque seule la scène reste éclairée, mais qu’en est-il lorsqu’il n’y a rien d’autre à regarder que l’orchestre qui joue ? Pour retracer quelques-uns des enjeux de cette nuit artificielle des salles de concert, on s’intéresse aux échos dont a joui cette problématique dans la presse francophone, du XIXe siècle à nos jours.

Camilla Murgia — La nuit comme effet spécial: ombre et obscurité dans la gravure anglaise de la période post-révolutionnaire (p. 137-162)

La relation entre ombre et lumière joue un rôle de premier plan dans la gravure anglaise et, en particulier, entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Cette période voit des changements importants en Angleterre, autant sur le plan politique que culturel. Les guerres napoléoniennes, qui engendrent des dépenses considérables, côtoient l’intensification de la circulation des œuvres d’art et l’essor de nombreux divertissements qui impliquent une dimension visuelle et spectaculaire. La relation entre ombre et lumière, que la gravure questionne par des innovations techniques et la mise en abyme de l’obscurité, est un protagoniste de ces changements.

Constance Frei, Camilla Murgia (éds) — Edward Orme, Essai sur les transparents. Édition moderne de la version anglaise du An Essay on Transparent Prints, and on Transparencies in General (1807) (p. 163-202)

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ISBN 978-2-940331-86-4

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