Ekaterina Velmezova — Préface. Il est impossible de ne pas traduire… (p. 7-14)
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Martine Hennard Dutheil de la Rochère — Introduction. «To each flower its own special attendant.» (p. 15-26)
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Duncan Large — Translating philosophy, translating poetry. Comparisons and contrasts (p. 27-46)
Conceptual and poetic language are often assumed to be markedly different in nature, if not radically opposed to one another. A deconstructive approach brings the two together by emphasising the fundamental metaphoricity of all language; this article aims to develop such an approach and bridge the gap between these two kinds of language by focussing on questions of translation and translatability. It takes as its point of departure the observation that similar historical claims have been advanced for the translation of both poetry and philosophy: it is routinely claimed of both that they are particularly “untranslatable”, and that both require a special kind of expertise on the part of the translator. This article focuses on philosophy and poetry as particular kinds of specialised language use, and suggests that a focus on their translation helps us to illuminate their specificities and commonalities.
Daphna Erdinast-Vulcan — Mistranslations of subjectivity: The textual unconscious in Conrad’s work (p. 47-64)
The article engages with Freud’s “Mystic Writing Pad” (1925) as an interpretative point of departure for reading the unconscious labour of the text in three of Conrad’s novels. The distinctive commonality of these texts is the occurrence of a form of mistranslation, known in translation theory as “false cognates”, or more colloquially, “false friends” or “faux amis”. The readings offered in this context highlight aporetic moments in these novels, moments of undecidability, where the use of false cognates seems to cross the boundary-lines of narrative levels, and cannot be exclusively assigned to either the character, or the narrator, or the author. These aporetic moments are, I suggest, textual equivalents of the physical points of contact in Freud’s model of the “mystic writing pad”. The convergence of metalepsis with linguistic distortion in the narration indicates, in all three cases, a reverberation of unconscious anxiety about paternity and filiation and desire for a grounding of subjectivity, which boil over and across the different layers of the text, challenging the ontological distinction between the textual and the psychic, and generating a process of transference which implicates the reader as well.
Juliette Loesch — Une danse entre les langues. Comparaison de quatre traductions de Salomé d’Oscar Wilde (p. 65-84)
Salomé (1893), le drame en un acte d’Oscar Wilde, est placé sous le signe de la traduction dès sa conception. La pièce a d’abord été écrite en français par l’auteur angloirlandais avant d’être traduite en anglais par Lord Alfred Douglas en 1894. À la suite de la traduction de Douglas qui avait déplu à Wilde, cinq retraductions anglaises ont été publiées entre 1957 et 2011. Salomé évolue selon les différents projets traductifs, qu’il convient de situer en contexte pour en dégager les enjeux. Prenant comme point de départ le texte translingue de Wilde, je compare la première traduction de Douglas avec trois retraductions, celles de Vyvyan Holland (1957), de Richard Howard (1978) et de Joseph Donohue (2011), afin de mettre en lumière les stratégies d’archaïsation ou de modernisation propres à chaque version.
Christine Baycroft — Locked in translation? Une étude de la traduction française de 1700 de An Essay Concerning Human Understanding de Locke par Pierre Coste (p. 85-104)
La première traduction française de l’Essay Concerning Human Understanding de John Locke par Pierre Coste a été revue et annotée par Locke lui-même. C’est cette version de l’Essay qu’ont lue nombre de ses contemporains dans le monde philosophique. Elle a donc eu une influence considérable sur la réception de cet ouvrage, et est devenue un texte canonique quasiment indépassable. Cet article analyse les fondements de ce caractère indépassable du texte de Coste. Il questionne la légitimité accordée à cette traduction, le contexte historique de sa rédaction, l’imprimatur de Locke et l’impact qu’elle a eu sur ses lecteurs. Il conduit à s’interroger plus généralement sur les difficultés soulevées par les autorités conjointes de l’auteur, des lecteurs et des traducteurs sur un texte traduit dans le champ de la philosophie.
Simone Zurbuchen — Quel fondement aux droits naturels? Étude de la traduction française du De jure naturae et gentium de Samuel Pufendorf par Jean Barbeyrac (p. 105-128)
Jean Barbeyrac compte parmi les traducteurs les plus influents du XVIIIe siècle. À travers ses traductions françaises amplement commentées des oeuvres de Pufendorf et de Grotius, il a profondément remanié la théorie du droit de la nature et des gens. Cet article montre à l’aide de deux exemples – la liberté de conscience et le droit de résistance d’une part, et la propriété privée de l’autre – comment Barbeyrac problématise la manière dont Pufendorf rend compte du fondement des droits naturels, ainsi que de leur fonction dans la théorie politique. Si Barbeyrac se réfère aux oeuvres politiques de Locke pour défendre le droit des citoyens de résister à un gouvernement qui violerait leurs droits inaliénables, ses emprunts à Locke restent ambigus en ce qui concerne le fondement de la propriété privée. En suggérant que les humains, auxquels Dieu aurait donné la Terre en commun, auraient été autorisés par ce dernier à s’approprier les choses nécessaires à leur survie et leur bien-être en vertu d’une loi de simple permission, Barbeyrac brouille la distinction chère à Pufendorf entre droits naturels (qui relèvent directement de la nature humaine) d’une part, et droits acquis (qui dépendent du consentement des personnes concernées) de l’autre. Ces exemples attestent la manière du traducteur de « philosopher dans les marges » (Ph. Hamou).
Matthieu Amat — Traduire Logos (1910-1933). Notes sur Karl Vossler et la place des langues dans la Kulturphilosophie (p. 129-150)
La revue Logos. Internationale Zeitschrift für Philosophie der Kultur (1910-1933) s’est voulue «supranationale» et s’est destinée à paraître dans plusieurs langues. Cet article montre pourquoi le programme de la Kulturphilosophie appelait le plurilinguisme et présente les accomplissements et les difficultés rencontrées sur ce point par les acteurs de la revue. Il constate aussi la faible présence de la philosophie de la traduction dans la revue et essaie d’en rendre raison: lorsque la culture est appréhendée sous le paradigme d’une traductibilité généralisée, la question de la traduction stricto sensu perd de son urgence. Reste une théorie de la traduction, encore mal connue, celle de Karl Vossler, principal représentant de la «science du langage» dans Logos.
Karine Zbinden — Bakhtin and Voloshinov in French. Remarks on the translations of slovo, ideologiia and vyskazyvanie (p. 151-176)
The extreme differences in the contexts of writing (Leningrad in the 1920s) and of production of the first translations into French (Paris and Lausanne in the 1970s) and their effects on the transmission of Bakhtin’s and Voloshinov’s thought in the West remain understudied. The deficit in knowledge of the specific contexts of Bakhtin and Voloshinov not only affects the reception of these works as (problematic) examples of “Marxist” studies at the height of the Cold War but also causes specific misappropriations due to the evolution of various epistemological discourses in the West in the intervening years. These issues directly affect the translation of terms, such as slovo (word), ideologiia (ideology) and vyskazyvanie (utterance), and reveal some of the mechanisms at work in cross-linguistic and cross-cultural transfers.
Notice bio-bibliographique : Martine Hennard Dutheil de la Rochère (p. 177-180)
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Notice bio-bibliographique : Karine Zbinden (p. 181-182)
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