SOMMAIRE
Pierre A. MARIAUX - Avertissement (p. 3)
Pierre VOELKE - Monde pastoral et monde urbain: du Cyclope d’Euripide aux Boucoliastes de Théocrite (p. 5-26)
L'espace du drame satyrique classique a parfois été assimilé à un espace bucolique, ceci en raison de son caractère volontiers pastoral. Or, l'examen du Cyclope d'Euripide d'une part et de l'Idylle 6 de Théocrite d'autre part fait apparaître que, du drame satyrique classique à la poésie bucolique hellénistique, une modification profonde s'opère dans la position et dans la fonction du monde pastoral par rapport au monde urbain. Nous essayons dans un troisième temps de montrer de quelle manière un drame satyrique de l'époque hellénistique témoigne également de ces modifications.
Paola CECCARELLI - Le monde sauvage et la cité dans la comédie ancienne (p. 23-38)
Cet article analyse les rapports existant entre le monde sauvage et la polis dans la comédie grecque ancienne. L'auteur montre comment la même image du sauvage peut être positivement ou négativement connotée; elle peut d'une part servir à rappeler le thème de l'âge d'or, – époque idyllique où les rapports entre l'homme et la nature ne posaient aucune difficulté, ce qui permet une critique de l'époque contemporaine; d'autre part, le sauvage peut être présenté négativement, et servir ainsi d'antithèse à la polis, lieu de l'homme et de la civilisation. C'est ce dernier aspect qui prédomine dans la comédie.
Marie RŒSSLER - La place de l’homme dans la nature selon Aristote (p. 39-52)
La question de la place de l'homme dans la nature est de celles qui déchaînent les passions. La plupart des gens sont intimement persuadés de la supériorité de l'espèce humaine sur le reste de la nature: qu'est-ce que cette notion de «supériorité»? Peut-on la fonder philosophiquement? Cet article cherche tout d'abord à montrer les conditions nécessaires à l'établissement d'une scala essendi: la finalité et la transcendance. Puis, il replace la thématique de l'«échelle des êtres» dans son contexte métaphysique, montrant comment elle change selon la structure de pensée dans laquelle elle est intégrée. Enfin, comme l'appel à l'autorité d'Aristote connaît à notre époque un regain de faveur, il s'agira de montrer quelle était la position du Philosophe à ce sujet. Son attitude est beaucoup plus souple et nuancée qu'il ne l'est généralement admis, ce qui s'explique par ses positions métaphysiques.
Carlo BERTELLI - Images de plantes dans l’Antiquité: La nature comme idéologie ou comme enseignement (p. 53-58)
L'étude comparative de l'illustration de deux manuscrits du De Materia medica, œuvre du médecin Dioscoride, montre deux conceptions différentes de la nature, l'une naturaliste et esthétique, et l'autre didactique.
Damien RŒSSLER - Le concept de la nature chez Nicolas de Cuse: les origines chrétiennes du renouveau scientifique (p. 59-66)
Dans cet article, nous étudions le concept de «nature» chez Nicolas de Cuse, en cherchant à comprendre son statut de «création». Nous démontons l'épistémologie cusaine pour démontrer que son originalité fondamentale réside dans la distinction absolue entre les exigences philosophiques et religieuses, laquelle le mène à une analyse sans précèdent de la notion de symbole. Par la suite, nous nous concentrons sur son interprétation des mathématiques et aux corrélations de cette dernière avec le renouveau scientifique.
Jean MOLINO - Le concept de nature et la nature du concept (p. 67-80)
Comment apparaît la nature aux hommes d'une culture et d'une époque données? Ce début d'enquête, qui porte sur la France autour de 1700, suggère qu'il n'y a pas un concept de nature, mais une extrême variété d'idées, de croyances et d'expériences qui font éclater l'insuffisance du Concept en tant que mode d'appréhension du réel.
Jean-Marie ROULIN - Les plantes ont-elles une âme? La sensitive de Descartes à Delille (p. 81-102)
Parmi les nombreux topoï empruntés à la flore, la sensitive occupe une place particulière. Connue en France dès le dix-septième siècle, elle symbolise dans le langage courant une femme pudique. Par delà cette métaphore, elle a été utilisée comme argument contre le mécanisme de Descartes. Les traités philosophiques ou les poèmes descriptifs qui chantent dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle l'épopée de la nature y ont vu une preuve de la chaîne des êtres ou une manifestation de l'âme des plantes. De son apparition jusqu'à l'aube du dix-neuvième siècle, la sensitive joue ainsi un rôle privilégié dans des textes qui refusent le rationalisme cartésien.
Claude REICHLER - Les promesses du paysage: le voyage en Suisse (p. 103-114)
On propose dans cette étude quelques réflexions sur le statut de la représentation de la nature alpestre dans la culture moderne, en analysant quelques passages de trois romans: Madame Bovary, la Confession d'un enfant du siècle, et La Nouvelle Héloïse. On emprunte à René Girard le concept de médiation pour montrer que la fonction médiatrice attribuée à la nature et au paysage n'est pas affaire que de contenu, mais qu'elle est prise dans un usage interpersonnel et social. A l'horizon de cette analyse, il y a la question de savoir comment la nature suisse est devenue un véritable mythe dans l'Europe moderne.
Pierre A. MARIAUX - Mickey Mouse, le beau et la déception moderne: une hypothèse à propos du beau naturel (p. 115-122)
Cette brève note a pour objet le beau, considéré comme la fin de toute esthétique. Au-delà de la distinction entre beau naturel et beau artistique, j'émets l'hypothèse selon laquelle le beau, désigné comme la convenance psychologique de l'âme et de l'objet, révèle une adaptation phylogénétique du comportement humain.
Compte rendu bibliographique
Marta CARAION - Roger Francillon, Claire Jaquier et Adrien Pasquali, Filiations et filatures. Littérature et critique en Suisse romande, Genève, éd. Zoé, 1991 (p. 123-126)
Chronique annuelle de la Faculté des lettres, année académique 1990/1991 (p. 129-133)
Mémoires de licence soutenus à la Faculté des lettres en 1991 (p. 133-141)
Thèses de doctorat soutenues à la Faculté des lettres en 1991 (p. 142)
Ecole de français moderne (p. 142-144)
Chronique de la Société des Etudes de lettres (p. 145-146)
Etudes de lettres. Table des matières 1991 (p. 147-148)