Evolution de la biodiversité en Suisse - Et la nature ?
« Et la nature ? » est la question-titre du premier livre de mon père, Robert Hainard, publié en 1943. Quelques quarante ans plus tôt, la création du Parc national suisse marquait l’officialisation de la protection de la nature, mais cette dernière ne cessait de reculer dans l’ensemble. La question posée alors ne reçut que bien peu d’écho dans le contexte planétaire de la IIe guerre mondiale, ni dans l’effort de reconstruction et l’euphorie économique et financière qui suivirent. Le courant écologique se préoccupa d’abord de la propreté, de la salubrité et de la sécurité de l’environnement, la question nature restant en arrière-plan. Puis la prise en compte de la biodiversité créa l’ingénièrerie biodiversitaire et l’invasion discriminante (enfin !) du niveau socio-économique. A l’anthropocène, la question trouvera-t-elle sa réponse ? Robert Hainard a la sienne : « La réussite d’une civilisation se marquera par l’étendue et la sauvagerie des espaces naturels qu’elle laissera subsister », ce qui serait la marque de la durabilité. Mais de toute façon «C’est la nature qui aura le dernier mot, ou plutôt celui qui ne sera jamais le dernier».