La grande époque du roman historique est sans conteste le romantisme qui avait pris la mesure, après les tourmentes de la Révolution et des guerres impériales, du conditionnement historique de l'individu humain. Walter Scott fut l'un des premiers à interroger, par les moyens de la littérature romanesque, l'articulation entre destin singulier et destin collectif. Les historiens, de leur côté, entreprennent de donner corps aux êtres du passé en se consacrant aux vies ordinaires qui avaient été si longtemps négligées par une historiographie hypnotisée par les faits et gestes des puissants (Augustin Thierry, Jules Michelet). Le peuple entre alors de plain-pied dans l'histoire, dans le roman historique et dans le drame romantique. Le Moyen-Age est sans doute la période la plus visitée par les romanciers, mais d'autres périodes excitent aussi leur imagination: les temps celtiques, la Renaissance, le XVIIe siècle, l'époque révolutionnaire. Le roman feuilleton contribue, en touchant un large public, à la diffusion du genre (pensons au succès d'Alexandre Dumas). Puis le roman historique se démode, souffrant de la concurrence du réalisme et du naturalisme que l'actualité obnubile. Il faudra attendre le déclin du modèle zolien pour voir resurgir le roman historique. Le Roman de la momie de Gautier (1858) et Salammbô de Flaubert (1862) occupent le creux de la vague, précoces ou tardifs, c'est selon... car le mouvement de résurgence ne prendra toute sa mesure que vers 1890. La mode sera alors, grâce aux avancées de l'archéologie sur les grands chantiers de fouille de l'époque, au roman antique, voire même préhistorique.