Aristote, déjà, avait établi un lien entre le tempérament mélancolique et le génie, et la Renaissance avait hérité de cette représentation. Mais le moins que l'on puisse dire c'est que, pour des raisons différentes, ni le XVIIe ni le XVIIIe siècle n'avaient fait l'éloge de la bile noire. C'est donc une véritable révolution de la représentation de l'artiste qui va s'opérer avec le romantisme. Mal du siècle, spleen puis névrose, la mélancolie est à la fois une fatalité historique (le deuil de l'histoire), une tentation psychologique et politique (la nostalgie de l'enfance ou de l'Ancien Régime), un topos iconographique (une main soutient une tête trop lourde), et une faculté spéciale (l'imagination ou l'inspiration). Le récit fantastique est l'une des conséquences les plus marquantes d'un malaise qui occupera pratiquement le siècle entier.