Le Moyen Âge a copié, lu et commenté Ovide. L'influence de l'Ars amandi ne suffit toutefois pas à expliquer l'essor, dans la seconde moitié du XIIe siècle, de la fin'amor, de cet amour affiné, épuré, qui se coule dans le moule de la canso (chanson) des troubadours et des trouvères, avant que le dolce stil nuovo en Italie, puis le pétrarquisme en Europe ne prennent la relève pour célébrer le désir toujours inassouvi.
Dès le XIIe siècle, la société a éprouvé le besoin de codifier son nouvel idéal, de l'ériger en norme et en art de vivre. Quand André le Chapelain en fixe les règles, il soumet le comportement amoureux à l'approbation d'une élite "courtoise", emblématiquement représentée par Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine : c'est à elle que le De amore attribue plusieurs jugements d'amour. Au XIIIe siècle, le dieu d'Amour édicte à son tour des lois dans le Roman de la Rose, et différents poètes se souviendront de sa leçon à la fin du Moyen Âge : mais l'idéal peut-il échapper à l'usure du temps, le code ne pas se dégrader et finir par être une convention ou un jeu de société ?
Le château d'amour et la fontaine de jouvence.
Coffret à miroir en ivoire, Walters Art Gallery, Baltimore.
Michaël Camille, Image on the Edge : The Margins of Medieval Art,
Londres, Reaktion Books, 1992, p.98.