Avec l'essor des villes à partir du XIIIe siècle, charivaris, cris des métiers, carnavals et fêtes des fous rythment la vie du citadin. Héritières des Saturnales antiques, ces dernières se suivent pendant une période qui va du 25 décembre à la mi-janvier. Elles exaltent les faibles (Fête des Innocents, Fête des Enfants) et les humbles (Fête de l'Âne) de sorte que, selon la parole du Christ, les premiers se retrouvent être les derniers. Les fêtes des fous et le carnaval ont en commun de renverser les hiérarchies ainsi que les valeurs – renversement qui donne lieu à l'excès et à l'irrévérence, voire à la grossièreté, quand la fête sort de la nef pour se répandre dans la rue.
Célébré pendant les derniers jours qui précèdent le temps de carême, le carnaval exalte aussi les plaisirs du corps. A travers le rire s'affirme le triomphe du corps sur l'esprit, du bas sur le haut : d'Adam de la Halle à François Rabelais, on trouve dans littérature du Moyen Âge et de la Renaissance çà et là les traces d'un monde à l'envers lesquelles peuvent être qualifiées (dans une acception plutôt large du terme) de "carnavalesques".