La perception de la mort est loin d'être constante pendant le Moyen Âge chrétien. A partir du XIIe siècle se met peu à peu en place une vision plus dramatique qui va s'exacerber à l'époque de la guerre de Cent Ans. "Quicunques meurt, meurt à douleur", dira Villon : face à la mort, le citadin se sent désormais seul. En réponse aux famines et aux épidémies les arts personnifient volontiers la Mort; les artes bene moriendi et les danses Macabré cherchent à provoquer une peur salutaire.
Au contraire du Moyen Âge finissant, le haut Moyen Âge s'est intéressé aux morts bien plus qu'à la mort. Les rites funéraires servent à constituer et renforcer les liens du groupe. Si les soins du corps, les lamentations pendant les funérailles ont longtemps été l'apanage des femmes, l'Eglise prend la relève à partir du XIIe siècle, époque à laquelle apparaissent aussi les premiers testaments. Le souci du salut individuel s'impose peu à peu au détriment de la célébration de la mémoire ancestrale, et le discours de la gloire s'affirme à côté de la consolation des vivants. Le tombeau (littéraire ou réel) est à la fois un rappel de la fragilité humaine et l'affirmation de la grandeur d'une dynastie. Mais, à la fin du Moyen Âge, le guerrier ne sera plus le seul à avoir droit à l'apothéose : le poète part lui aussi à la conquête du laurier, emblème d'un possible triomphe de la fama sur la mors.