La fin du XIXe siècle, et son cortège de désillusions politiques et philosophiques, coïncide avec une crise du roman. Ce n'est certes pas un hasard: décomposition des valeurs, sentiment d'une décadence de la civilisation, crainte d'une dégénérescence de la race et démembrement de la narration vont de pair. C'est en tous les cas ainsi que les écrivains et les critiques vivent et commentent le phénomène. La multiplication des contes et des nouvelles est l'une des manifestations de cet émiettement du genre en épisodes ou en tableaux et de cette dissolution de la chronologie au profit de l'instantané psychologique. Le style "artiste", qui se donne pour modèle la touche des peintres impressionistes, menace pour sa part la continuité syntaxique et rhétorique. Névroses, perversions, maladies de peau: les personnages, quant à eux, manifestent par toutes sortes de symptômes qu'ils sont rongés, intérieurement et extérieurement, par le sentiment d'une inadaptation ontologique au monde.