L'interprétation des textes dramatiques classiques (que ce terme soit pris dans une extension large ou restreinte) est l'un des enjeux majeurs de l'art théâtral contemporain. En un siècle (depuis la fin du XIXe), l'évolution de la mise en scène, son émancipation progressive envers l'autorité du texte, son accession au statut de pratique artistique à part entière, a eu pour corollaire une incessante interrogation sur la spécificité des textes du répertoire. Que signifient-ils et pour qui? Détiennent-ils une vérité universelle ou relative historiquement? Leur connaissance représente-t-elle un privilège de classe ou un signe de distinction? Le metteur en scène doit-il avoir pour mission de partager ce patrimoine ou de l'oublier au profit des écritures contemporaines? Tous les grands metteurs en scène du XXe siècle ont été confrontés à ces questions, à la fois esthétiques et politiques: Louis Jouvet, Jean Vilar, Marcel Planchon, Antoine Vitez, Patrice Chéreau, Jacques Lassalle... Toutes ces questions, brûlantes à l'époque du TNP et de la revue Théâtre populaire, restent d'actualité au début du XXIe siècle - alors que la situation des auteurs dramatiques contemporains est toujours aussi inconfortable.