L’histoire au futur antérieur dans le roman contemporain
Prof. Dominique Kunz-Westerhoff, UNIL
Les mardis du semestre d’automne, de 17h15 à 18h45
4 séances à suivre au moins sur 5
Conférence de Lionel Ruffel (Université de Paris-8) le jeudi 10 octobre 2019
Auteur invité : Jean Rolin
Si le genre du roman historique apparaît aujourd’hui comme une forme éculée, en raison des faux-semblants de son réalisme, le discours historique constitue l’un des modes majeurs de l’invention contemporaine. C’est l’anachronisme, l’enchevêtrement avec le présent et la tension de la fiction avec l’archive qui caractérisent la revenance des spectres du passé, chez Jérôme Ferrari, Jean Rolin et Éric Vuillard. Au début du nouveau millénaire, les représentations de la fin marquent la postmodernité dans une société désormais précaire. Apocalyptiques ou ironiques, épiques ou dérisoires, les rappels des fins achevées de l’histoire s’entrelacent au déclinisme contemporain, mais souvent pour le contredire. Pressentiment, imminence fatale, instant décisif où chute une ère, autant d’artifices narratifs qui dramatisent au futur antérieur ce que nous savons déjà, afin d’inachever et de rouvrir à la transformation ce qui s’est perdu dans l’héritage du passé. Jusqu’à revendiquer parfois une transmission prophétique de ce que nous ne savons pas encore, déjà présent dans le réel.
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Apprivoiser l'ancien français et la littérature du Moyen-Âge : les fables (isopets) et contes d'animaux
Stefania Maffei-Boillat et Leticia Ding, UNIL
Vendredi 17 janvier 2020
Cours de 9h à 16h30, UNIL
Délai d’inscription : 15 novembre 2019
Cette journée sera consacrée à l’étude des fables médiévales et des contes d’animaux dans une double perspective littéraire et linguistique. À travers la lecture et l’analyse d’un corpus de récits, nous nous proposons d’une part d’aborder quelques rudiments d’ancien français et de linguistique historique, d’autre part de dégager les principaux traits et enjeux de ce genre narratif bref. Cette démarche permettra de rendre compte de certaines particularités de la littérature du Moyen Âge et de la richesse de ses prolongements dans la modernité.
Objectifs
Permettre aux participantes et participants de :
- S’initier à la lecture des textes du Moyen Âge à partir de récits brefs
- Acquérir les principaux outils pour l’analyse du texte médiéval
- Se familiariser avec certains aspects de l’évolution de la langue française et développer leur sensibilité linguistique
- Reconnaître l’actualité du Moyen Âge dans la littérature et la culture moderne
- Apprendre à composer un corpus de ressources didactiques pour l’étude de la fable, envisagée en tant que genre narratif et sur le plan de l’histoire littéraire
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Les « proféracteurs ». Entre théâtre et poésie, que faire d’Artaud et de la Beat Generation en classe ?
Dr. Cristina de Simone, maître de conférences en arts du spectacle à l’Université de Caen-Normandie, et Prof. Antonio Rodriguez, UNIL, curateur de l’exposition Digital Lyric, pour la visite guidée.
Vendredi 28 février 2020
Cours de 9h à 17h, UNIL puis visite guidée de l’exposition Digital Lyric au château de Morges
Délai d’inscription : 3 janvier 2020
Ce cours permet de comprendre comment poésie et théâtre se lient étroitement après 1945 pour parvenir à des actions publiques proches des « proférations ». Il fait le point sur les recherches transmédiales récentes consacrées aux arts du langage, avec une spécialiste de l’Université de Caen, à la fois théoricienne et praticienne. Un cours indispensable pour ceux qui veulent enseigner la poésie en classe de manière renouvelée. Lors de l’après-midi, la visite guidée de l’exposition « Digital Lyric: beyond the book » sur les nouvelles modalités numériques de la poésie, organisée par le FNS, l’UNIL, l’EPFL, la HEIG et la HEAD, permettra d’en venir à l’actualité numérique de ces questions et de suggérer une sortie culturelle avec les classes (notamment pendant le Printemps de la poésie).
En reprenant le flambeau des avant-gardes du début du XXe siècle, les expériences mi-poétiques, mi-théâtrales, surtout à partir d’Antonin Artaud en 1946-47, appellent progressivement à définir la poésie comme action et cherchent à relier art, vie et politique. Ouvrant plusieurs chantiers qui prennent appui sur autant de refus : celui du livre, du spectacle, du langage comme propagande politique et publicitaire, ces actes situent l'engagement physique du poète, à la fois auteur et « proféracteur », au centre des préoccupations. À travers l'emploi du magnétophone notamment et d’autres techniques, elles mettent en place un vaste champ d'expérimentations, qui donne naissance à la « poésie sonore » et se poursuit aujourd’hui jusqu’à la poésie numérique.
Objectifs
Permettre aux participantes et participants de :
- Saisir le monde de la performance dans une histoire plus générale de la littérature, des techniques et des arts.
- Situer les présupposés et les travaux critiques sur cette tradition, qui dépassent le littéraire et le livre.
- Lier certaines « proférations » esthétiques à des actions éthiques et politiques.
- Donner des éléments concrets pour intégrer ce corpus dans l’enseignement de la poésie ou du théâtre auprès d’élèves d’âges différents.
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Quand l’esthétique de la série télévisée renouvelle notre compréhension des récits littéraires et de leurs enjeux éthiques
Gaspard Turin (UNIL, Français), Raphaël Baroni (UNIL, EFLE), Chloé Gabathuler (HEP Valais)
Vendredi 1er mai 2020
Cours de 8h30 à 17h, UNIL
Délai d’inscription : 21 février 2020
Cette formation vise à étudier les séries en les inscrivant dans l’histoire culturelle de différents médias, en les mettant en rapport avec l’émergence des modes de production impliquant une reproductibilité des formats, ainsi qu’une diffusion périodique destinée à fidéliser le public. Ce cours, en s’appuyant notamment sur l’analyse de séries télévisées contemporaines associées à ce que l’on appelle depuis quelques années la Quality TV (Sopranos, Lost, Game of Thrones, Breaking Bad, etc.) envisagera le lien que l’on peut établir entre ce type de récit et ses contextes de production et de réception, mais aussi ses enjeux éthiques et esthétiques et les défis qu’il pose à la théorie du récit. Du point de vue narratif, on réfléchira notamment sur le caractère improvisé du récit, sur les effets de sa discontinuité, sur son inscription dans le temps social, sur ses modes spécifiques de réception, sur les interactions entre producteurs et récepteurs, et sur les transferts de versions sérialisées vers des œuvres reconfigurées pour produire une unification du contenu. On s’intéressera à la manière dont certaines de ces spécificités permettent de repenser les pratiques de l’analyse littéraire. Peut-être découvrira-t-on que les récits sériels sont non seulement aussi riches et centraux que les récits unifiés (contes, romans, nouvelles) qui ont longtemps occupé le centre de l’attention dans les études littéraires, mais aussi qu’ils peuvent nous révéler des aspects essentiels de la forme et des fonctions sociales (adaptatives, éthiques, esthétiques) des fictions en général.
Objectifs
Permettre aux participantes et participants de :
- Réfléchir aux enjeux esthétiques et culturels des séries télévisées contemporaines et à leur impact sur les études littéraires
- Comprendre les principales caractéristiques des formes narratives sérielles, (dynamique de l’intrigue, construction des personnages, interactions entre instances de production et publics, effets de l’improvisation partielle, effets de la segmentation épisodique sur l’écriture)
- Comprendre les enjeux qui ont permis de transformer la valeur culturelle attribuée aux formes sérielles, les faisant passer d’une « littérature à vapeur » décriée par la critique, au rang de phénomène culturel global, dont Game of Thrones apparaît comme l’un des sommets actuels
- Saisir les enjeux éthiques, adaptatifs et esthétiques soulevés par les formes sérielles plus ou moins improvisées et réfléchir à leur transposabilité au sein des études littéraires.
- Mieux comprendre la manière dont le public des séries (voire la “fan culture”) permet de repenser les phénomènes immersifs et la soidisant aliénation du public, qui se révèle beaucoup moins passif et naïf qu’on ne le pensait.
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