Version du 18 janvier 2023
Médecin et épidémiologiste, spécialiste en infectiologie et médecine tropicale, Valérie D’Acremont est responsable du secteur Santé globale et environnementale au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté). Elle est également scientifique invitée à l’Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle et a travaillé à l’OMS. Elle dirige des projets de recherche visant à améliorer la prise en charge des patients vivant dans des pays à ressources limitées ou venant en Europe depuis les tropiques : pour ce faire, elle utilise entre autres des algorithmes d’aide à la décision clinique, qui permettent de réduire fortement la prescription d’antibiotiques et donc l’extension de l’antibiorésistance, tout en s’attelant à limiter l’impact de ces outils sur d’autres enjeux systémiques actuels, comme l’environnement et la cybersécurité. Au 1er novembre 2022, elle a été nommée professeure ordinaire de l’Université de Lausanne.
Alors jeune cheffe de clinique à la PMU (devenue Unisanté en 2019), Valérie D’Acremont développe des recommandations de pratiques cliniques pour la prise en charge des patients fébriles au retour d’un voyage sous les tropiques et les transforme en un algorithme interactif sur internet. En Tanzanie, où elle réside durant trois ans, elle implémente en phase pilote des tests rapides pour la malaria permettant de réduire drastiquement l’administration inappropriée d’antipaludiques. Pour éviter la sur-prescription d’antibiotiques chez les patient.es négatifs pour la malaria, elle lance une vaste étude sur les causes des épisodes de fièvre, menée dans un premier temps chez les enfants puis élargie aux adultes. Les résultats de cette étude, publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine, valent à l’infectiologue le Prix Pfizer en 2015.
Ces résultats l’amènent à développer une «tablette magique» (algorithme électronique) qui permet aux clinicien.nes - guidés pendant leur consultation ambulatoire - de prendre les bonnes décisions. Cet outil se révèle extrêmement efficace car il diminue drastiquement la prescription d’antibiotiques tout en permettant une guérison plus rapide des patient.es. Et c’est dans cette orientation qu’elle poursuit ses recherches avec deux objectifs principaux: améliorer les compétences cliniques des soignant.es qui utilisent ces algorithmes; et créer des tableaux de bord basés sur les vastes bases de données cliniques et microbiologiques générées à partir des tablettes, pour permettre aux gouvernements d’effectuer une surveillance précise et en temps réel des maladies, afin d’agir rapidement et efficacement en cas de flambée épidémique.
Aujourd’hui responsable du secteur Santé globale et environnementale au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté), Valérie D’Acremont y supervise avec ses collègues les consultations précédant un voyage ou en cas de maladie au retour des tropiques. Elle met ses compétences de spécialiste au service d’une médecine générale à la fois nourrie des développements récents de la technologie et proche des réalités du terrain. Son approche, très evidence based, s’adresse à des médecins peu formés aux maladies tropicales et promeut la délégation de compétence aux infirmièr.es et autres soignant.es. Elle développe des stratégies de dépistage communautaire, comme celle des Latino-américains souffrant de la maladie de Chagas ou dans le contexte du COVID. Après avoir travaillé à l’OMS sur les recommandations pour le diagnostic des états fébriles, y compris la malaria, elle apporte un support technique à des ONG actives dans plusieurs pays d’Afrique pour implémenter ces algorithmes électroniques à large échelle.
Préoccupée par l’impact environnemental du système de santé, en particulier des outils diagnostiques et numériques, elle évalue par des analyses de cycles de vie, en collaboration avec des ingénieur.es, les effets potentiels sur le climat, la biodiversité et la pollution de ces différentes interventions de santé. Elle enseigne également en pré- et post-gradué les impacts du dérèglement climatique et de la perte de biodiversité sur la santé, en réfléchissant aux transformations que nécessite notre système de santé pour devenir plus résilient face aux enjeux systémiques actuels.
Soucieuse de transmettre son expérience à la jeune génération, elle pratique une pédagogie interactive d’une médecine moderne et humaniste qui décharge le médecin de la dimension probabiliste du diagnostic pour mieux le laisser se consacrer à l’art de la consultation et à la prévention. Son implication pour la promotion des carrières féminines et, plus encore, sa personnalité engagée et ouverte au dialogue interprofessionnel en font un véritable role model pour les médecins de demain.
1971 | Naissance à Nantes d’un père français et d’une mère néerlandaise |
1989 | Bac maths-physique au Gymnase du Bugnon |
1995 | Diplôme de médecin de l’UNIL; assistanats en médecine interne et chirurgie à St-Loup, en médecine générale puis des voyages à la PMU et en maladies infectieuses au CHUV |
2003 | MD; elle est nommée cheffe de clinique à la PMU |
2004-2005 | Responsable ad interim du système de santé pour les requérants d’asile dans le Canton de Vaud |
2006 | Master in International Health dans différentes universités en Europe; titre de spécialiste en maladies infectieuses; chercheuse et épidémiologiste au SwissTPH-Swiss Tropical and Public Health Institute à Bâle |
2006-2009 | Séjour de recherche clinique en Tanzanie |
2009 | Titre de spécialiste en médecine tropicale et des voyages |
2010 | PhD «Malaria diagnosis in Tanzania»; cheffe de groupe de recherche au SwissTPH à Bâle; médecin associée à la PMU; responsable adjointe du Centre de vaccination et médecine des voyages |
2010-2013 | Engagée (temps partiel) à l’OMS comme experte malaria et autres maladies fébriles |
2011 | PD-MER de l’UNIL |
2014 | Médecin adjointe à la PMU; Prix d’excellence en recherche clinique de la FBM Prix d'excellence de la FBM en recherche clinique |
2015 | Prix Pfizer pour sa publication dans le New England Journal of Medecine |
2017-2022 | Professeure associée de l’UNIL |
dès 2022 | Professeure ordinaire de l'UNIL et médecin cheffe responsable du secteur Santé globale et environnementale à Unisanté |
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TED X CHUV 2014
Leçon inaugurale (membres classCHUV uniquement)