Version du 22 juillet 2014, mise à jour le 20 décembre 2022
Directeur du Département de biologie moléculaire végétale (DBMV) de l’UNIL, Philippe Reymond est un spécialiste des mécanismes de défense des plantes face aux insectes, notamment au niveau moléculaire. Il s’intéresse également à la réponse végétale en présence d’œufs d’insectes, domaine dans lequel il est reconnu au niveau international. Il a été promu professeur associé de l'UNIL dès le 1er août 2014.
Né en 1961 et de nationalité suisse, Philippe Reymond étudie les sciences naturelles à l’UNIL et y effectue son doctorat sur les phytohormones du maïs (1989). Il rejoint ensuite le groupe de Winslow Briggs comme postdoctorant à la Carnegie Institution of Washington (Standford University, Californie) où il étudie la perception de la lumière bleue par les plantes. En 1992, le jeune scientifique revient à l’UNIL et poursuit ses recherches sur la transduction du signal de blessure chez les plantes au sein du groupe de Ted Farmer. Un séjour de plusieurs mois à Stanford dans le groupe de Shauna Somerville lui permet d'apprendre la technologie des micropuces à ADN, technique qu’il introduit à l’UNIL en 1998. En 2002, le biologiste obtient le titre de maître d'enseignement et de recherche et dirige depuis son propre groupe de recherche sur les interactions entre les plantes et les insectes. Il reçoit le titre de privat-docent en 2011 et est promu professeur associé à l’UNIL le 1er août 2014. Philippe Reymond est directeur adjoint (2010-2017) puis directeur (dès 2018) du Département de biologie moléculaire végétale (DBMV).
Le spécialiste mène des travaux de recherche le long de deux axes principaux: 1) les cascades de signalisation impliquées dans les mécanismes de défense des plantes contre les insectes et 2) la détection des œufs d’insectes par les végétaux et ses effets sur la défense des plantes. Dans ce cadre, le chercheur a été pionnier dans le développement et l’utilisation de micropuces à ADN pour l’étude de la réponse végétale à des attaques par plusieurs agresseurs, en l'occurrence des chenilles herbivores et des champignons pathogènes. Il a notamment développé la toute première micropuce contenant tous les gènes d'Arabidopsis thaliana, ou l’arabette des dames, modèle fréquemment utilisé en biologie végétale. L'analyse du transcriptome des plantes a permis de comprendre comment une plante place ses priorités de défenses face à des attaques multiples, une situation fréquemment rencontrée dans la nature. Philippe Reymond a ainsi mis en lumière comment l'arabette des dames contrôle, au niveau moléculaire, la biosynthèse de composés toxiques, tels que les glucosinolates, et les accumule afin de se prémunir contre les attaques d'insectes. Le chercheur a pu identifier, en collaboration avec des équipes espagnoles et américaines, trois facteurs de transcription (MYC2, 3 et 4) qui, en s'associant avec d'autres facteurs de même nature, activent la synthèse des glucosinolates et participent ainsi à la défense de la plante lors d'agression par des chenilles herbivores. Ces découvertes scientifiques sont considérées comme majeures dans le domaine de la biologie végétale.
Expert reconnu dans le domaine de la réponse végétale face aux œufs d’insectes, Philippe Reymond a montré que les mécanismes mis en place dans cette situation sont très semblables à ceux déployés par la plante face aux pathogènes d’origine microbienne. Le chercheur a réussi à mettre au jour les étapes moléculaires impliquées dans la reconnaissance d’extraits d’œufs et responsables de l’activation des mécanismes de défense de la plante. Son équipe a récemment découvert qu'un phospholipide est relâché par les œufs et stimule le système immunitaire de la plante via un récepteur situé à la surface de la cellule végétale. De plus, des expériences surprenantes indiquent que des plantes voisines répondent également à la présence des œufs sur une plante, alertées par un signal sous-terrain. Par ailleurs, le scientifique a participé au projet de séquençage du chêne de Napoléon, emblème vivant du campus de l’UNIL.
Depuis 1997, les travaux du chercheur ont été régulièrement soutenus par le Fonds national suisse ainsi que par des financements provenant du Rectorat de l’UNIL, de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, de la Fondation Herbette de l’UNIL et de fonds de la recherche européenne. Ses études ont également fait l’objet de nombreuses publications dans des revues scientifiques de référence et parmi les meilleures dans le domaine de la biologie végétale, dont Plant Cell, Plant Physiology, New Phytologist et Nature Plants.
En parallèle à ses activités de recherche, Philippe Reymond s’implique très activement dans le fonctionnement administratif de la Faculté. Il est membre régulier du Conseil de Faculté et a été vice-président de la Section des sciences fondamentales (2015-2018). Au niveau de l'enseignement à l’École de biologie, ses cours couvrent la signalisation moléculaire des interactions plantes-insectes pour les étudiant·e·s de Bachelor et de Master. Il est également impliqué dans un cours de Master sur la médiation scientifique, a contribué à la révision du programme de biologie et a été responsable d'un module d’orientation pour les étudiant·e·s en 3e année de Bachelor (2014-2019). Il enseigne en outre depuis plusieurs années à l'Université de Genève.
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