Version du 27 janvier 2019
Spécialiste en oncologie thoracique, Solange Peters a été promue professeure ordinaire de l’UNIL le 1er mars 2019. Elle dirige depuis 2016 le Service d’oncologie médicale du CHUV.
Après ses études de médecine, Solange Peters commence un MD-PhD dans les maladies infectieuses, se penchant sur à la résistance du VIH aux médicaments. Effectué à l’IMUL, l’Institut de microbiologie situé sur la Cité hospitalière, cette thèse sera à la fois un immense enrichissement du point de vue scientifique et humain, alors que cette expérience lui permettra également de se poser la question du choix, en toute connaissance de cause, entre médecine et biologie, science appliquée et fondamentale: elle choisit les patients.
Dans sa carrière de clinicienne, elle s’intéresse très tôt à l’oncologie: elle retrouve dans certains cancers des mécanismes de résistance analogues à ceux du VIH, et souvent des questions similaires. Mais aussi beaucoup moins d’avancées, beaucoup plus de besoins: contrairement au sida, devenu presque une «maladie chronique», beaucoup de cancers conservent un sombre pronostic. C’est le cas du cancer du poumon pour lequel il n’y a, à l’orée des années 2000, que peu de traitements à part la «bonne vieille chimio», qui donne des résultats décevants.
Or l’oncologie pulmonaire sera justement un domaine pionnier de la médecine de précision: en se demandant pourquoi certains non-fumeurs sont aussi sujets à des cancers, on va s’intéresser à la génétique des tumeurs – mettant en évidence des différences génétiques entre cancers du poumon – mais aussi au génome des malades, certains présentant des altérations les prédisposant à développer certains cancers. Comme l’explique la professeure, il va donc s’agir de «corriger la génétique» en proposant des traitements ciblés, qui permettront d’augmenter dramatiquement l’espérance de vie des patients: elle se compte désormais en années plutôt qu’en mois.
C’est l’un des deux axes de sa recherche clinique, l’autre se focalisant sur l’immunothérapie des tumeurs thoraciques, devenant elle aussi de plus en plus ciblée. A cet égard, la proximité de l’Institut Ludwig et l’émulation du projet Agora forment un contexte optimal pour une recherche de haut niveau.
Mais l’innovation faramineuse en oncologie depuis une vingtaine d’années, si elle a permis d’améliorer significativement les pronostics, a eu un effet collatéral: une flambée des coûts. «C’est le prix de l’innovation, relève la médecin. Et c’est pourquoi je fais aussi beaucoup de politique, en me posant les questions de l’accessibilité aux traitements, de leur remboursement, plus globalement d’équité sociale.»
Avec la généralisation de ces traitements, se pose en effet avec acuité le problème de la «sustainabiliy», ou durabilité du système, pour éviter de tomber dans les ornières d’une médecine à deux vitesses. «Nous travaillons sur le fair pricing des traitements, c’est-à-dire sur la définition du juste prix, ainsi que sur des modèles équitables de remboursement – ce qui implique une meilleure lisibilité du prix des médicaments -, pour parvenir à un modèle de remboursement viable à long terme ici et ailleurs en Europe.»
Active depuis plus de dix ans sur ce front, Solange Peters a été élue présidente de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) pour la législature 2020-2021. Avec plus de 30'000 membres, c’est la plus grande association d’oncologie médicale au monde, avec un important volet politique.
La professeure est également très impliquée dans la problématique de la diversité médicale, en particulier en regard du genre: elle milite pour un meilleur équilibre entre hommes et femmes dans les postes à responsabilité et les postes professoraux au CHUV et en FBM, où les femmes sont actuellement fortement sous-représentées.
1997 | Certificat en biologie moléculaire, Faculté des Sciences, UNIL |
1998 | Diplôme fédéral de médecin, après des études de médecine à l’Université de Lausanne et de Bari |
2002 | MD-PhD sur la résistance du virus du sida aux médicaments, UNIL |
2002-2004 | Interne au Service de médecine interne du CHUV |
2004-2005 | Clinicienne et chercheuse au Centre pluridisciplinaire d’oncologie du CHUV |
2006 | Spécialisation suisse et européenne (ESMO) en oncologie médicale |
2009-2016 | Médecin associée, responsable de la consultation spécialisée des tumeurs thoraciques, Service d’oncologie médicale, CHUV |
2013-2016 | Privat-docent et MER, UNIL |
2016 | Professeure associée de l’UNIL, médecin-cheffe du Service d’oncologie médicale |
2017 | Élue présidente de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) pour le mandat 2020-2021 |
dès 2019 | Professeure ordinaire de l’UNIL |
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