© Olga Cafiero
© Olga Cafiero
Version du 30 janvier 2017
Spécialiste des processus inflammatoires chroniques, Fabio Martinon s’intéresse au stress cellulaire1 qui régule la réponse immunitaire. Le chercheur enrichit sa réflexion par une approche qui intègre les applications cliniques à ses travaux. Professeur assistant au Département de biochimie de l’UNIL depuis 2010, Il a été nommé professeur associé dès le 1er janvier 2017.
Fabio Martinon fait partie des pionniers qui ont identifié l’inflammasome2, dans le cadre de son travail de thèse avec le Prof. Jürg Tschopp✝. Le chercheur a été inspiré par la créativité et la passion de ce dernier ainsi que par les compétences scientifiques en immunologie et le leadership de son second mentor, la Prof. Laurie Glimcher à la Harvard Medical School (Boston, USA). Le concept d’inflammasome développé à Lausanne au moment de son doctorat est aujourd’hui repris par les scientifiques du monde entier. Plus récemment, ses travaux dans le domaine du stress du réticulum endoplasmique3 ont démontré un lien moléculaire entre les signaux de réponse au stress et le processus inflammatoire. Avec son équipe, il a découvert de nouvelles voies de signalisation qui s’avèrent être les pierres angulaires d’une réponse que Fabio Martinon a définie comme la “réponse au stress de l’enveloppe nucléaire” (NE stress response). Son équipe étudie le rôle de cette réponse dans les maladies autoinflammatoires et dans le cancer.
Fabio Martinon bénéficie, depuis plus de 10 ans, du soutien de bourses de recherche très compétitives, dont le Human Frontier Science Program (HFSP) Career Development Award et une European Research Council (ERC) Starting Grant. Au moment de sa nomination comme professeur associé de l’UNIL, il s’enthousiasme de l’émergence de nouvelles technologies. La “CRISP/Cas9”, technique d’édition du génome, ouvre désormais des possibilités d’ingénierie génétique sur des cellules de mammifères et devrait se révéler décisive pour étudier un domaine aussi complexe que l’immunité. La cryomicroscopie électronique, quant à elle, révolutionne la biologie structurale, tandis que l’approche “omique” laisse entrevoir d’infinies possibilités d’étudier le protéome4 en réponse au stress ou à l’inflammation. Le scientifique se réjouit d’apporter sa créativité et sa passion de chercheur au décryptage des mécanismes encore obscurs de l’immunité et de décortiquer, à un niveau fondamental, les interactions qui contribuent à la santé, ou au contraire, à la maladie.
1 Les cellules de notre organisme ont la capacité de s’adapter à des changements dans leur environnement qui peuvent perturber le fonctionnement cellulaire. Le stress cellulaire définit ces différents programmes d’adaptation et de survie.
2 L’inflammasome est un complexe protéique impliqué dans l’immunité. Il est formé à la suite de la reconnaissance de divers signaux inflammatoires comme les cristaux d'acides uriques, des composants viraux ou bactériens. L’inflammasome est responsable de l’activation des processus inflammatoires et peut induire un programme de mort cellulaire qui vise à protéger l’organisme dans son ensemble.
3 Le réticulum endoplasmique (RE) est un organite présent dans les cellules eucaryotes et en continuité avec l’enveloppe nucléaire. Il n'existe pas chez les cellules procaryotes (archéobactéries et eubactéries) qui sont dépourvues d'organites. Le RE synthétise les protéines, produit des macromolécules et transfère des substances via des vésicules.
4 Le protéome est l'ensemble des protéines présentes dans une cellule, une partie d'une cellule (membranes, organites) ou un groupe de cellules (organe, organisme, groupe d'organismes) dans des conditions données et à un moment donné.
1976 | Naissance à Monthey, originaire d’Italie |
1999 | Master de biologie, UNIL |
2004 | Thèse PhD dans le laboratoire du Prof. Jürg Tschopp, Département de biochimie, UNIL, «Molecular machines involved in inflammation» - Prix Marc Dufour |
2004-2005 | Roche Research Foundation Postdoctoral Fellowship |
2006 | FNS advanced researcher Postdoctoral Fellowship |
2006-2009 | HFSP Long-term Fellowship |
2006-2010 | Postdoctorat chez la Prof. Laurie Glimchen, Département d’immunologie et des maladies infectieuses, Harvard School of Public Health, Boston, USA |
2008 | Pfizer Award in Rheumatology and Clinical Immunology (Travaux sur les mécanismes moléculaires responsables de l’inflammation de la goutte) |
2009-2010 | Postdoctorat, the RAGON Institute (Massachusetts General Hospital, Massachusetts Institute of Technology et Harvard University), Boston, USA |
2010-2016 | Professeur assistant, Département de biochimie, UNIL |
2012-2014 | HFSP Career Development Award |
2012-2016 | ERC Starting Grant |
2015 | Cell Death & Differentiation Jürg Tschopp Prize pour sa contribution dans le domaine de la mort cellulaire |
dès 2017 | Professeur associé à la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL |
Par: Francine Billotte/Communication FBM
Version du 22 novembre 2011
Biochimiste, spécialiste des voies de réponses cellulaires au stress et des mécanismes moléculaires responsables de l'inflammation, Fabio Martinon a été nommé professeur assistant au Département de biochimie de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l'UNIL dès le 1er août 2010.
De nationalité italienne, Fabio Martinon est né à Monthey en 1976. C'est à l'UNIL qu'il réalise ses études de biologie. Il effectue sa thèse (2003) et un premier stage postdoctoral au sein du laboratoire du Prof. Jürg Tschopp au Département de biochimie de l'UNIL. Il s'envole alors outre-Atlantique et rejoint en 2006 le Département d'immunologie et des maladies infectieuses de la Harvard School of Public Health, à Boston, dirigé par la Prof. Laurie Glimcher. Il y restera jusqu'à son retour au Département de biochimie le 1er août 2010 en tant que professeur assistant de l'UNIL.
Le domaine d'expertise de Fabio Martinon concerne le stress cellulaire et son lien avec la réponse inflammatoire. À l'intérieur de la cellule, le stress induit un certain nombre de perturbations biochimiques qui se traduisent par la production de molécules potentiellement nocives. Celles-ci peuvent contribuer à diverses pathologies comme les maladies cardiovasculaires, des maladies inflammatoires et des cancers. Une des fonctions de l'inflammation étant la détection des cellules endommagées et le maintien de l'intégrité des tissus, il existe donc des mécanismes qui permettent à un tissu de déclencher une réaction inflammatoire en réponse à un stress. L'identification de ces mécanismes est un objectif majeur poursuivi par le laboratoire de Fabio Martinon.
Le scientifique a contribué à l'identification d'un complexe protéique présent dans certaines cellules du système immunitaire, l'inflammasome. Ce concept audacieux et novateur d'inflammasome, élaboré dans le laboratoire du Prof. Tschopp s'est révélé être impliqué dans nombreux processus inflammatoires. En particulier, les travaux de Fabio Martinon ont prouvé que, chez les patients atteints de maladies auto-inflammatoires telles que la goutte, ce complexe protéique sert à détecter les éléments pathogènes présents dans l'organisme et à activer une molécule spécifique induisant la défense immunitaire. Dans le cas de la goutte, la réponse immunitaire se révèle trop forte et provoque dès lors des épisodes inflammatoires très douloureux, localisés principalement dans les articulations.
Le jeune chercheur est récipiendaire de nombreux prix et distinctions, dont le Prix Pfizer 2008 en rhumatologie et immunologie clinique. Ses recherches fondamentales, qui ouvrent la voie à des traitements novateurs, ont reçu d'importants soutiens financiers du Human Frontier Science Program et du FNS. Convaincu que la complexité même des systèmes biologiques nécessite de croiser les spécialités, le chercheur bénéficie de nombreuses interactions potentielles non seulement avec d'autres groupes au sein du Département de biochimie, mais également avec d'autres scientifiques d'institutions proches comme le CHUV, l'EPFL et l'Institut suisse de bioinformatique.
Par: Pascal Vermot/Communication FBM