Version du 8 octobre 2012
Biologiste, spécialiste de la botanique évolutive et de la diversité sexuelle des végétaux, John Pannell a été appelé au poste de professeur ordinaire au Département d'écologie et évolution (DEE) de l'UNIL dès le 1er septembre 2011.
Après avoir passé son enfance et son adolescence en Afrique du Sud et en Australie, John Pannell a débuté ses études à l'Université de Sydney, où il décroche un Bachelor en biologie. Il passe une année en tant que chargé de recherche à la Commission des forêts de Tasmanie puis, dès 1992, entame une thèse sur l'évolution des systèmes sexuels chez les végétaux à l'Université d'Oxford. Cette thématique l'occupera tout au long de ses recherches postdoctorales, à l'Université de Toronto (Canada) tout d'abord, puis à celle d'Édimbourg (Royaume-Uni). En 1999, il revient à l'Université d'Oxford en tant que Lecturer puis professeur en biologie de l'évolution des plantes dès 2009, poste qu'il occupera jusqu'à sa nomination à l'UNIL en septembre 2011.
Reconnu comme l'un des principaux acteurs dans la domaine de l'évolution des plantes, John Pannell construit des ponts entre génétique et écologie. Quelles stratégies les plantes suivent-elles pour allouer les ressources naturelles dans le but d'optimiser leur succès reproducteur? Cette question fondamentale soutient les recherches théoriques et empiriques que John Pannell mène sur la diversité sexuelle observée chez les végétaux. Pourquoi, par exemple, l'hermaphrodisme constitue-t-il le système reproductif le plus fréquent chez les plantes? Et quels sont les avantages d'être mâle ou femelle?
Pour résoudre ces énigmes, le biologiste et son équipe utilisent une plante de référence, la mercuriale annuelle (Mercurialis annua), connue pour sa remarquable diversité sexuelle sur le sol européen. La variation sexuelle observée chez cette espèce a permis à l'équipe d'étudier, d'une part, l'écologie spatiale à l'échelle locale et continentale et, d'autre part, la différenciation génétique et le déterminisme sexuel. Une des conclusions essentielle de cette recherche est que la sélection naturelle est déterminante non seulement au sein des populations, mais aussi à l'échelle du paysage. L'équipe de John Pannell travaille désormais au déchiffrage des aspects génétiques de la détermination du sexe et de l'évolution des chromosomes sexuels chez les mercuriales.
D'autres espèces végétales se caractérisent par un dimorphisme sexuel, les mâles et les femelles différant sensiblement dans leur morphologie et leur physiologie. En observant plusieurs espèces d'Europe et d'Afrique, John Pannell évalue si ces différenciations sont dues à un différentiel de coûts de reproduction entre systèmes mâles et femelles, ou sont le résultat d'une concurrence intense entre mâles pour les femelles, à l'image de ce que l'on rencontre dans le règne animal.
Le chercheur et son équipe étudient également une variété de frênes à fleurs (Fraxinus ornus) chez laquelle coexistent à parts égales des individus mâles et hermaphrodites. Ils tentent de comprendre pourquoi les deux genres, et pas seulement les mâles, produisent du pollen. Les scientifiques explorent aujourd'hui une nouvelle piste, selon laquelle les hermaphrodites produisent du pollen dans le seul but de tuer la progéniture de leurs voisins, au profit de leur propre descendance.
John Pannell nous dévoile que, sous l'oeil de la génétique évolutive, les plantes apparaissent dotées de capacités stratégiques et ne sont pas aussi dépourvues qu'il n'y paraît. L'originalité de son approche s'appuie sur le changement d'échelle - de la population au paysage - pour comprendre les liens entre processus écologiques et génétique.
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