Isabelle Décosterd est professeure honoraire depuis le 1er août 2023. |
Isabelle Décosterd est professeure honoraire depuis le 1er août 2023. |
Spécialiste des mécanismes de la douleur, Isabelle Décosterd a été nommée professeure associée à la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL dès le 1er août 2011. Elle est rattachée au Service d’anesthésiologie et assure la direction du Centre d’antalgie du CHUV.
De nationalité suisse, Isabelle Décosterd obtient son diplôme fédéral de médecine en 1990 à l’UNIL, avant de clôturer avec succès son doctorat sous la direction du Prof. Patrick Aebischer en 1998 puis de décrocher sa spécialisation FMH en anesthésiologie.
Au bénéfice d’une bourse du Fonds national suisse (FNS), elle s’envole pour Boston (Etats-Unis) et accomplit un stage postdoctoral à la Harvard Medical School et au Massachusetts General Hospital. Elle travaille alors dans le laboratoire du Prof. Clifford J. Woolf, un des chercheurs les plus marquants dans le domaine de la douleur.
A son retour à Lausanne, Isabelle Décosterd devient bénéficiaire, en 2000, de la bourse SCORE décernée par le FNS. Ce financement lui permet d’assurer le développement de son programme et de son équipe de recherche au sein du Service d’anesthésiologie, créant ainsi, avec Mme Marie Pertin, laborantine responsable, le premier laboratoire suisse de recherche fondamentale sur les mécanismes neurobiologiques de la douleur. Dès 2008, elle assume la responsabilité de l'Unité d'antalgie du CHUV, devenu Centre d’antalgie en janvier 2011. Elle disposait auparavant d’un titre de maître d’enseignement et de recherche, de professeure assistante puis de privat-docent jusqu’à sa nomination récente comme professeure associée.
A la fois chercheuse fondamentale et clinicienne, Isabelle Décosterd est l’hôte du Département de biologie cellulaire et de morphologie (qui deviendra le Département des neurosciences fondamentales au 1er août 2012). Avec son équipe de neurobiologistes, elle œuvre sur la modélisation et la compréhension des mécanismes de la douleur neuropathique. Chronique, cette dernière est consécutive à une lésion du système nerveux et représente une véritable gageure en termes de prise en charge des patients, car elle met souvent en échec le recours aux antalgiques habituels.
Les travaux de la scientifique se focalisent sur les modifications moléculaires, cellulaires et structurelles qui concourent à la chronicisation de ces douleurs. En particulier, son expertise se porte sur la dérégulation des canaux ioniques responsables de l’excitabilité accrue des neurones nociceptifs. Ce harcèlement excessif de la moelle épinière par une fausse information provenant du neurone périphérique contribue à l’hypersensibilisation du système nerveux central et à la persistance de la douleur. Isabelle Décosterd explore également les mécanismes de cette dernière sous l’angle de la réaction des cellules de la glie. Pour mieux comprendre ce phénomène, la scientifique a mis au point un modèle expérimental de la douleur neuropathique, baptisé SNI (pour «spared nerve injury»), lequel est largement utilisé dans le milieu académique et pharmacologique. Ce modèle permet de répliquer aussi fidèlement que possible les modifications ayant cours après lésion d’un nerf périphérique et représente ainsi un outil privilégié pour de nombreux groupes de recherche tout autour du globe.
Au Centre d’antalgie, Isabelle Décosterd a instauré un dialogue entre cliniciens et neurobiologistes, favorisant ainsi un terrain idéal à une médecine de la douleur translationnelle et interdisciplinaire, basée sur les mécanismes neurophysiopathologiques.