Version du 18 octobre 2018, mise à jour le 18 novembre 2024
Richard Benton a fait de l’étude des systèmes olfactifs sa marque de fabrique, avec comme organisme modèle "Drosophila melanogaster", la mouche du vinaigre. Parties de la biologie du développement, ses recherches le conduisent aujourd’hui vers les neurosciences et la biologie de l’évolution. Il a été nommé professeur ordinaire de l'UNIL dès le 1er août 2018.
Très tôt, dès son post-doc aux États-Unis, Richard Benton a décidé de plancher sur l’odorat. Son objectif: comprendre les bases moléculaires et neuronales de la perception des signaux de l’environnement. En élargissant progressivement le champ au goût, à la thermo-sensation et à l’hydro-sensation, entre autres.
Pour ce faire, il a porté son dévolu sur Drosophila melanogaster, la mouche du vinaigre. Celle-ci est dotée d’un cerveau de 100'000 neurones, soit un million de fois plus simple qu’un cerveau humain. Cela en fait un modèle prisé par les neurosciences: on en connaîtra dans quelques années le connectome, soit la «carte» des neurones. La boîte à outils moléculaires permet d’en apprendre beaucoup sur la fonction des circuits neuronaux. Avec aussi l’apport d’autres techniques, comme la vidéo à haute vitesse: «Celle-ci permet d’observer les comportements incroyablement sophistiqués des mouches, de suivre les mouvements d’un individu ou d’un groupe de mouches, explique Richard Benton. Cela nous ouvre un monde totalement inconnu jusque-là.»
Le chercheur s’est intéressé à la façon dont ont évolué les circuits neuronaux, aux mécanismes d’adaptation du système sensoriel à un nouvel environnement. Mais pour cela, il faut des points de comparaison avec D. melanogaster, et c’est là qu’intervient Drosophila sechellia: présente sur certaines îles des Seychelles, cette cousine de la mouche du vinaigre s’est spécialisée dans la détection quasi exclusive du fruit «noni» de l’arbuste Morinda citrifolia.
«L’étude du système sensoriel est très instructive si l’on s’intéresse à l’évolution du système nerveux, ajoute le professeur. Il se trouve en effet à la frontière, à l’interface entre l’environnement et le cerveau, il est donc nécessairement très adaptable.»
Et l’étude de D. sechellia a aussi amené une découverte inattendue: en 2016, dans un papier publié dans Nature, le groupe du professeur Benton a pu montrer qu’un pseudo-gène du récepteur olfactif de la mouche était, contre toute attente, toujours actif. «Un pseudo-gène, c’est un peu comme une phrase avec un point au milieu, la séquence ne devrait pas être lisible, le gène non fonctionnel; mais dans ce cas, c’est comme si la cellule sautait ce point et continuait la lecture.» Cette découverte, des pseudo-gènes actifs que les scientifiques ont baptisé «pseudo-pseudogènes», peut avoir des implications pour toute la génétique.
1977 | Naissance en Écosse |
1995-1998 | Études de sciences naturelles, Université de Cambridge (Royaume-Uni) |
1999-2003 | PhD en biologie du développement, Université de Cambridge |
2003-2007 | Séjour postdoctoral à l’Université Rockefeller (États-Unis) |
2007-2012 | Professeur assistant, Centre intégratif de génomique (CIG), UNIL |
2008 | Bénéficiaire d’un «ERC Starting Grant» du Conseil européen de la recherche |
2012 | Lauréat du «Friedrich Miescher Award» |
2012-2018 | Professeur associé, CIG, UNIL |
2014 | Bénéficiaire d’un «ERC Consolidator Grant» |
2015 | Lauréat du Prix Latsis National |
2016 | Lauréat de l’«EMBO Gold Medal», décernée par l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO) |
dès 2018 | Professeur ordinaire, CIG, UNIL |
2019 | Bénéficiaire d’un «ERC Advanced Grant» |
dès 2019 | Membre de l’EMBO |
dès 2021 | Membre de la Royal Society of London for the Improvement of Natural Knowledge |
2023 | Bénéficiaire d’un subside de recherche FNS Récipidendaire du Jürg Tschopp Basic Life Sciences Award de la FBM |
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