Claudio Brenni a obtenu son doctorat en sciences politiques à la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) de l’UNIL en 2017. Il est actuellement collaborateur responsable de l'évaluation d'impact chez Velafrica, une organisation à but non lucratif qui collecte de vieux vélos, les remet en état, puis les exporte en Afrique.
Titre de la thèse : Quelle souveraineté alimentaire ? Questions autochtones et paysannes dans la gouvernance de la biodiversité (1970-2013).
GC : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
CB : J’ai fait ma thèse en sciences politiques à l’UNIL entre 2012 et 2017. Je travaille depuis 2018 pour l’ONG Velafrica à Berne.
Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer un doctorat ?
Principalement parce que j’étais un peu resté sur ma fin au terme du travail de master. J’avais envie d'approfondir le sujet et j’ai eu la chance de trouver un poste à l’UNIL dans lequel j’ai pu proposer librement un thème de recherche pour ma thèse.
Aviez-vous un plan de carrière durant votre doctorat ?
Au début du doctorat, je n’avais pas vraiment de plan de carrière. Je me disais que j'allais faire ma thèse pour en savoir plus sur mon sujet de recherche et voir si j’étais fait pour le travail académique. Le plan de carrière est arrivé après le doctorat. Mais encore aujourd’hui, je n’ai pas un plan de carrière figé ou défini.
Vous êtes collaborateur responsable de l'évaluation d'impact chez Velafrica. Le jour de votre soutenance, auriez-vous imaginé occuper ce poste aujourd’hui ?
Pas vraiment. Je m’intéressais déjà à cette organisation, car il y avait la possibilité de concilier un travail de coopération au développement avec le côté vélo qui me passionne. Mais par rapport au poste que j'occupe, je ne me serais jamais attendu à faire de l'évaluation d'impact. Tout s’est construit par hasard. Durant la période de chômage qui a suivi mon doctorat, j’ai eu la chance de pouvoir participer à un programme d’intégration sur le marché du travail (BNF) dans lequel j’ai pu proposer un stage auprès de Velafrica. Ma demande tombait bien : Velafrica recherchait à ce moment-là une personne ayant de l'expérience dans la recherche pour faire de l'évaluation d'impact. J’ai été engagé après ce stage de quatre mois.
Quelles sont vos missions principales et comment décririez-vous votre rôle ?
Velafrica récolte des vélos qui ne sont plus utilisés en Suisse. Une fois que les vélos sont sélectionnés et remis en état, ils sont exportés en Afrique grâce à des partenaires locaux. Les vélos sont revendus car l’idée est de créer des entreprises sociales viables en Afrique qui peuvent parvenir à s’auto-financer dans un délai de 3 à 5 ans. Mon rôle est d’organiser les données qui permettent de mener et de présenter les activités de l’organisation. Il y a une partie monitoring qui est intégrée aux activités de gestion de projet : collecter les données qui nous informent sur l'état et l’avancement des projets et la récolte de fonds. L’autre partie de mon travail est dédiée à l'évaluation d'impact : recueillir des données qui démontrent les impacts sur les modalités d'existence des personnes qui participent à nos projets.
Qu’aimez-vous le plus dans cette fonction ?
J’apprécie de travailler au sein d’une petite équipe (une vingtaine d’employé·e·s). J’ai beaucoup de liberté dans ce que je fais, dans le travail de collecte de données et de monitoring. Faire partie d’une petite organisation offre l’avantage de pouvoir effectuer des activités variées, par exemple lorsqu’il faut aider des collègues. Ce poste offre un bon équilibre entre travail pratique et de recherche.
Quelles sont les compétences essentielles pour exercer cette mission ?
Des compétences en recherche quantitative et qualitative et des compétences analytiques sont essentielles. J’ai dû apprendre à communiquer de façon visuelle, car la présentation et la visualisation des données sont importantes. Il faut aussi avoir envie de connaître des mondes différents. On est régulièrement en contact avec nos partenaires en Afrique, donc c’est une jolie ouverture.
Pendant votre doctorat, vous êtes-vous préparé à votre entre entrée sur le marché de l’emploi ?
Durant les deux dernières années de la thèse, je savais que je ne voulais pas poursuivre avec un post-doc. J’ai commencé à regarder les offres à ce moment-là. J’ai également fait des formations proposées par la CUSO pour apprendre à valoriser mes compétences transversales.
Que répondez-vous à celles et ceux qui estiment que le doctorat n’est pas pertinent pour une carrière non-académique ?
Le doctorat – sans être un obstacle – peut rendre difficile l’entrée sur le marché du travail. Pendant la période de chômage qui a suivi mes années de thèse, j’ai eu plusieurs fois l’impression d’être considéré comme surqualifié pour certains postes. Toutefois, il y a beaucoup de compétences acquises pendant le doctorat qui me sont très utiles dans mon emploi actuel, comme la gestion de projet et la capacité à travailler et à organiser son travail de façon autonome. Les compétences relationnelles développées dans mes tâches d’assistant d’enseignement, par exemple lorsque j’encadrais des travaux d’étudiant·e·s, se révèlent aussi très utiles dans mon travail, car elles sont nécessaires pour travailler en équipe.
Quel conseil donneriez-vous à un·e doctorant·e ou à un·e post-doc qui prépare la prochaine étape de sa carrière ?
De regarder les offres sur le marché du travail avant la fin du contrat et de ne pas attendre la dernière minute pour le faire. Si l’on doit commencer une période de chômage après sa thèse, on peut bénéficier de mesures qui peuvent nous aider dans cette transition. Il existe des programmes d’insertion qui offrent l’opportunité de faire des stages, notamment sur la base d’un projet personnel. Ce sont d’excellentes opportunités pour mettre un pied dans le monde du travail. Si l’on recherche un poste en dehors de l’Université, il est nécessaire d’adapter son CV à un poste non-académique et de savoir se présenter de façon concise.
Portrait publié le 1er mars 2021