Iva Pospisil, étudiante en science politique
Parcours
A la sortie du gymnase, Iva Pospisil a envie de se lancer dans la vie professionnelle. Elle s'inscrit donc à l'Ecole normale (aujourd'hui Haute école pédagogique) et passe son brevet de maîtresse généraliste. Elle effectue des remplacements à l'école primaire, puis enseigne pendant 4 ans dans des classes de 7e à 9e année tout en suivant une formation en cours d'emploi afin d'obtenir le brevet de maîtresse semi-généraliste. Sa formation achevée en 2006, elle décide de concrétiser une envie de longue date : étudier à l'université.
Iva Pospisil commence ainsi des études de science politique à 28 ans, principalement par intérêt personnel, pour élargir sa culture et compenser une certaine sensation de stagnation intellectuelle dans sa profession. Arrivée au terme de sa première année avec 3 examens échoués à rattraper en août, elle espère passer le cap. Une fois son titre en poche, elle aimerait se reconvertir dans l'humanitaire. Elle n'exclut toutefois pas de retourner à l'enseignement.
Des difficultés matérielles et académiques...
Iva Pospisil a obtenu une bourse d'études, qui lui permet tout juste de nouer les deux bouts. Toutefois, elle a dû attendre jusqu'en novembre pour savoir si cette bourse lui serait accordée. Elle a donc vécu sur ses économies pendant ses premiers mois à l'université, souffrant beaucoup du stress dû à cette incertitude. Ayant toujours eu en tête de reprendre des études un jour, elle a épargné et conservé un mode de vie estudiantin - colocation, pas de voiture ni de superflu - pendant ses années d'enseignement. Sa situation financière lui pèse toutefois : elle sait qu'en cas de nouvel échec, sa bourse lui sera retirée et elle se verra dans l'impossibilité de continuer des études, ce qui met une pression supplémentaire sur ses épaules.
Par ailleurs, la jeune femme a dû se réhabituer à étudier. Difficile, lorsqu'on a quitté le gymnase depuis plusieurs années, de récupérer sa mémoire ou de retrouver une bonne technique de dissertation... Afin de mettre toutes les chances de son côté, Iva Pospisil a donc suivi le cours d'introduction aux études «Question de méthode» et le cours de dissertation proposé par l'AESSP, qui se sont révélés utiles. L'adaptation aux méthodes de travail universitaires reste néanmoins problématique. Face à des exercices qu'elle n'a jamais eu à effectuer auparavant, et pratiquement sans évaluation en cours d'année, Iva Pospisil ne savait pas où elle se situait jusqu'au moment de recevoir les résultats d'examens.
...mais un grand enrichissement personnel
Malgré les difficultés rencontrées, Iva Pospisil trouve ses études extrêmement gratifiantes. Elle a déjà beaucoup appris grâce à des cours diversifiés et à des professeurs compétents. Professionnellement, de nouvelles perspectives s'ouvrent à elle. Au plan social, elle a rencontré des étudiants passionnés et passionnants. Au plan intellectuel, elle a développé son sens critique et dispose de plus d'arguments pour défendre ses idées. Enfin, le regard des gens sur elle a changé. Elle a passé du statut d' «enseignante toujours en vacances » à celui d'«intellectuelle à laquelle on demande comment voter», une situation qui l'amuse beaucoup.
Les avantages d'un parcours non-linéaire
Si Iva Pospisil n'éprouve pas plus de facilité au niveau académique que les autres étudiants, contrairement à ce qu'elle attendait, elle se sent par contre plus à l'aise avec les professeurs. Son expérience de l'enseignement l'aide à être à l'écoute de leurs remarques et à prendre du recul par rapport à certaines critiques, dont elle perçoit mieux que ses camarades l'aspect constructif. Pas intimidée - certains assistants ont son âge -, elle n'hésite pas à prendre la parole et poser des questions.
De plus, elle se sent bien intégrée malgré les quelques années qui la séparent de ses condisciples. Elle a aussi bien des amis avec un parcours similaire au sien que d'autres qui sortent tout juste du gymnase. L'âge ne lui semble finalement pas très important.
Conseils aux étudiants débutants
Iva Pospisil conseille aux futurs étudiants d'être extrêmement disponibles pour leurs études. Elle juge vraiment difficile de réussir sa première année en occupant un emploi régulier, même à temps très partiel. Elle qui espérait conserver quelques heures d'enseignement parallèlement à ses cours, avoue d'ailleurs avoir dû renoncer en raison de la quantité de travail à fournir pour l'université. Elle suggère également de ne pas être trop perfectionniste et notamment de ne pas chercher à lire toutes les oeuvres de la bibliographie. Mieux vaut se renseigner auprès d'étudiants avancés pour connaître les lectures vraiment indispensables.
Enfin, pour les étudiants qui comme elle reprendraient des études après une activité professionnelle, il lui paraît important d'être bien conscient des sacrifices matériels que cela peut impliquer et de la pression supplémentaire imposée par la précarité financière.