Dans tous les champs du savoir, les scientifiques se donnent pour but de définir des objets et de leur appliquer des modèles descriptifs adéquats et prédictifs. Il n’est pas sûr en revanche que tous les faits puissent être définis, constatés et prévus de la même manière. Comment les hypothèses sont-elles corroborées dans les différents domaines du savoir ? Qu’est-ce que la réfutabilité ? Quand faut-il se résoudre à changer de modèle théorique ? Quelles sont les différences entre les approches qualitatives et quantitatives ? Ce cycle de conférences propose d’aborder la question de la preuve (ou celle de son absence) sous l’angle de plusieurs disciplines.
Un cycle de conférences publiques organisé dans le cadre de l'enseignement "La recherche dans tous ses états"
Les mercredis du 3 novembre au 1er décembre 2021
de 17h15 à 18h45
Bâtiment Amphimax salle 412 et diffusion en direct en ligne sur internet sur UNIL live Web Streaming https://www.youtube.com/channel/UCMRwzZJguCyzvveznZBrFgQ
Attention: La présentation d'un certificat covid et d'une pièce d'identité est obligatoire pour accéder à la salle de conférence. Les personnes ne pouvant se rendre sur place peuvent suivre les conférences en ligne qui seront diffusées en direct pour être accessibles en ligne à toute personne intéressée.
Organisation et inscriptions: Delphine Preissmann (FBM, Sciences au Carré, delphine.preissmann@unil.ch)
Date | Intervenant | Titre |
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3 novembre | Alain Papaux, Faculté de droit, des sciences criminelles et d'administration publique | Beyond reasonable doubt: le droit contre les preuves scientifiques? |
10 novembre : Attention: La conférence est malheureusement annulée pour des raisons indépendantes de notre volonté | Fabienne Fasseur, Faculté des sciences sociales et politiques, | Vous avez dit «toutes choses étant égales par ailleurs ?» Méthode qualitative et systèmes ouverts |
17 novembre | Frédéric Schütz, Faculté de Biologie et de Médecine | La statistique, une science qui n’a pas besoin de faire ses preuves |
24 novembre | Danielle Chaperon et Raphaël Baroni, Faculté des Lettres | Qu’est-ce qu’un modèle robuste en théorie littéraire ? |
1 décembre | Dominique Arlettaz, Faculté des géosciences et de l’environnement | La preuve mathématique pour repousser les limites de l'inconnu |
Beyond reasonable doubt: le droit contre les preuves scientifiques?
« L’intime conviction » dit la Cour. « Beyond reasonable doubt » traduit l’épistémologue. Une affaire de juristes ? Quand l’examen d’une substance chimique, en vue de sa mise sur le marché, ne permet pas d’établir sa dangerosité, peut-on inférer son innocuité ? Ah, non ! dit le logicien : la non-preuve de A ¹ la preuve de non-A. Délivrera-t-on l’autorisation ? « Beyond reasonable doubt » répondent le scientifique et le juriste…comme une présomption d’innocence. Les faits eux-mêmes sont construits, sur la base d’indices ; a fortiori les preuves. Et les indices requièrent toujours une interprétation et non une simple déduction. Sherlock Holmes, un menteur ?
Vous avez dit «toutes choses étant égales par ailleurs ?» Méthode qualitative et systèmes ouverts
Attention: La conférence de Mme Fasseur est malheureusement annulée pour des raisons indépendantes de notre volonté
Dans le domaine de la psychologie qualitative et critique de la santé, notre approche est centrée sur l’exploration de l’expérience subjective des individus dans les contextes de santé et de maladie. La compréhension des comportements d’êtres humains fondamentalement différents interroge la notion de preuve scientifique. En effet, les faits vécus correspondent à une forme de réalité complexe expérimentée par les personnes. Dans ce cadre, la notion de preuve scientifique devient un concept « importé » d’autres domaines scientifiques qu’il faut explorer au travers de son histoire, des débats en cours entre méthodes quantitatives et qualitatives. Le champs des méthodes qualitatives est en évolution constante et se donne les moyens de dépasser la notion de preuve par des critères de qualité validant la scientificité de ses pratiques de recherche.
La statistique, une science qui n’a pas besoin de faire ses preuves
Qu’est-ce qu’un modèle robuste en théorie littéraire ?
La perspective narrative est un phénomène complexe qui a été théorisé de diverses manières depuis la fin de XIXe siècle, jusqu’à l’établissement par Gérard Genette, en 1972, d’un modèle devenu standard et connu dans le champ de la narratologie sous le nom de « triple focalisation ». Ce modèle, en partie en raison de son « élégance », a rapidement influencé les pratiques de l’enseignement et, depuis cinquante ans, il continue d’être fortement mobilisé pour l’interprétation des textes littéraires, non sans poser quelques problèmes, sur lesquels nous reviendrons.
Les limites inhérentes à la conception genettienne de la focalisation ont d’abord été mises en lumière par l’évolution de la théorie du récit dans le cadre d’une narratologie filmique développée par François Jost (un doctorant de Genette). L’approche stylistique a également mis en lumière des difficultés liées à la construction textuelle du point de vue, laquelle ne recoupe qu’imparfaitement la théorie de la triple focalisation. Enfin, les usages scolaires de la focalisation font ressortir deux tendances, que l’on peut observer dans les discours des enseignants ainsi que dans les manuels : la première est celle d’un glissement définitionnel vers une conception de la focalisation interne comme analyse de la subjectivité des personnages, la seconde est celle des difficultés inhérentes à certaines imprécisions du modèle et à la terminologie employée par Genette, notamment en ce qui concerne la distinction entre focalisation externe et focalisation zéro.
En résumé, la conférence s’attachera à montrer que la comparaison intermédiale et l’extension stylistique de la théorie du récit ainsi que l’étude de ses applications scolaires constituent des pistes permettant de tester la robustesse des concepts narratologiques et d’améliorer leur ergonomie.
La preuve mathématique pour repousser les limites de l'inconnu
Cet exposé se place dans le contexte des mathématiques et a pour but d'expliquer la différence entre une conjecture, qui est une affirmation que l'on pense être vraie sans pouvoir en être certain, et un théorème, qui est une affirmation dont on dispose d'une preuve qui en établit la véracité.
Le principal objectif des mathématiques consiste à définir et explorer les structures qui décrivent les phénomènes naturels, puis à imaginer dans ce cadre des conjectures et, si possible, à les prouver pour les transformer en théorèmes. Ce passage d'une conjecture à un théorème peut être long et tortueux, comme ce fut le cas pour la célèbre conjecture de Fermat, énoncée en 1637 et prouvée plus de trois siècles plus tard par Andrew Wiles en 1995, mais la découverte d'une preuve permet toujours de créer de la connaissance. Plusieurs exemples seront présentés et illustreront diverses méthodes de démonstration (preuves directes, par récurrence, par l'absurde, par descente infinie, …).
Si de très nombreux théorèmes ont été prouvés au cours des siècles, force est de constater qu'il existe aujourd'hui encore beaucoup de conjectures mathématiques non résolues dont certains exemples seront également évoqués au cours de l'exposé.