Santhiya Sivathasan, dysphasique

Santhiya Sivasthasan est dysphasique et estime qu'il ne faut jamais abandonner!

Portrait

J'étudie en 3ème année de Bachelor en sciences sociales avec une mineure en science politique. Ma dysphasie, de type phonologique-syntaxique, se répercute sur la rédaction des textes, l'expression orale et sur la mémoire verbale. Cela me prend énormément de temps d'écrire un texte parce que les phrases vont dans tous les sens. Au niveau de l'expression orale, j'éprouve de la difficulté à structurer ma pensée, à l'organiser. Quant à la mémorisation de longues séries, c'est carrément hors de ma portée. Prendre des notes dans des cours peu structurés représente une difficulté supplémentaire.

Comment vivez-vous vos études et quels aménagements avez-vous pu mettre en place?

En première année d'études, j'ai ressenti de l'inquiétude et puis cela va mieux en deuxième et troisième années. Il ne faut pas sous-estimer la différence qu'il y a entre le gymnase et l'Université. Au gymnase tout le monde savait que j’étais dysphasique et j’ai essuyé beaucoup de critiques des élèves car j’avais droit à plus de temps. A l’UNIL, on passe plus inaperçu, il n'y a pas ce regard stigmatisant. Quand j’ai voulu demander des aménagements pour les examens, c’était difficile car l’attestation de la logopédiste que j’avais pour le gymnase n’était pas valable (elle doit en effet couvrir la période des études à l’UNIL). J’ai dû refaire tous les tests pour dysphasiques, c’était stressant. De plus, je sentais trop l’étiquette "handicap" me coller à la peau. Mais sur la base de ma nouvelle attestation de la logopédiste, j’ai pu obtenir les aménagements souhaités (temps supplémentaire et matériel adapté). Cela compense mes difficultés d’apprentissage, mais ne me favorise pas par rapport aux autres étudiants.

J'adore écrire, même si ce que je produis n'est pas structuré et que je fais beaucoup de fautes. Je m'efforce d'écrire des scripts pour des films, avec des dialogues et une organisation par scènes car c'est par la pratique que j’apprends. Je recours parfois à des logiciels, ce qui m'aide car ils proposent une structure dans laquelle j'insère mon texte. Pour l'oral, là aussi je dois surmonter ma timidité, mais le plus important c’est d’OSER! Et surtout de se dire que l'on fait comme on peut faire. Cependant, plus que tout, j’aime énormément parler et c’était quelque chose qui était longtemps enfoui en moi à cause de ces problèmes, dont je découvre l'existence depuis peu de temps.

Dans les séminaires en première année, on est obligé de parler et c’est, là aussi, compliqué. Donc le fait de m’imaginer une histoire ou des images m'aident à me repérer dans ce que je veux dire et à les retenir.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiant·e·s dysphasiques?

Se mettre dans des associations est une bonne incitation, car il y a des réunions chaque semaine où l’on est obligé de s'exprimer et de prendre position. Il faut à tout prix éviter de rester dans sa bulle. Même si on fait des fautes, ce n’est pas grave, il faut y aller; c’est évidemment plus facile si l'environnement est rassurant et que les interlocuteurs font preuve d’empathie.

Il est aussi important de pouvoir compter sur l'aide d’autres étudiant·e·s et de se faire des amis. Une bonne occasion de lier amitié peut passer par l'adhésion à l'association des étudiant·e·s de sa faculté. C’est le cas pour moi en étant membre de l’AESSP ou même par les réseaux sociaux.

Ne vous restreignez pas pour choisir une filière assez littéraire. Car si votre contenu et votre réflexion sont là, le reste s'ajustera automatiquement. Donc n'ayez pas peur et relevez le défi, cela ne sera que bénéfique, si vous appréciez ce que vous faites.

Quelles recommandations feriez-vous aux enseignants?

Quand on a une dysphasie, il vaut mieux expliquer aux enseignant·e·s ce que cela implique, car beaucoup ne la connaissent pas.

Pour les séminaires, ce serait une bonne chose que les enseignants soient informés de ma dysphasie. On peut aussi penser à le dire aux enseignant·e·s pour les examens ou à écrire au haut de l'examen quel est le handicap.

La pandémie de COVID-19 a compliqué les choses car il faut constamment se réadapter à un nouvel environnement, par exemple avec les cours en ligne ou en comodal.

Malgré les difficultés, j'avance dans mes études et me fixe sur mon objectif: obtenir mon Bachelor à tout point!

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Santhiya Sivathasan
© Felix Imhof

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