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Anthropologie et Histoire de l’art : du croisement à l’indistinction?

Son rapport avec l’anthropologie détermine l’histoire de l’art depuis la fin du 19e siècle, c’est-à-dire depuis son institutionnalisation et sa cristallisation comme une discipline. Depuis lors, ce rapport reste quasi-ininterrompu et, depuis une trentaine d’années, s’affirme de plus en plus. Afin de mener une réflexion rigoureuse sur nos méthodes, procédés, valeurs heuristiques, jargons, consécrations et autres automatismes disciplinaires, nous nous proposons de concentrer nos séances de travail dans cette Summer School de quatre jours (11-14 juin) sur la période qui commence dans l’immédiat après-guerre, en 1945 donc, et s’étend jusqu’aujourd’hui. Dans le monde de plus en plus clos de l’après-guerre, et grâce à la dynamique de la démocratisation et de la diffusion des savoirs, ainsi que la transformation des disciplines en « studies », l’interaction entre l’anthropologie et l’histoire de l’art connaît sa phase à la fois la plus riche et la plus complexe.

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Anthropologie et histoire de l’art : du croisement à l’indistinction ?

Qui ?

Section d'histoire de l'art, Faculté des lettres, Université de Lausanne

Quand ?

11 au 14 juin 2025

Où ?

Campus de Dorigny, Université de Lausanne

Pour qui ?

Master, doctorant·e·s et postdoctorant·e·s

Combien ?

CHF 100.-

Crédits ECTS ?

Cours sans crédit, attestation de participation délivrée

Langue ?

Anglais et partiellement en français

Les quatre journées de cette Summer School, organisée par Maria Stavrinaki (Université de Lausanne) en coopération avec Caroline van Eck (Cambridge University), s’organiseront à travers des séminaires d’historien.ne.s de l’art et de l’architecture et d’anthropologues venant de la Suisse, d’Angleterre, de France, de la Belgique et des Etats-Unis. Les intervenant.e.s confirmé.e.s ou pressenti.e.s seront :

Cette école d’été est ouverte aux étudiants de master, de PhD et de postdoc

Son rapport avec l’anthropologie détermine l’histoire de l’art depuis la fin du 19e siècle, c’est-à-dire depuis son institutionnalisation et sa cristallisation comme une discipline. Depuis lors, ce rapport reste quasi-ininterrompu et, depuis une trentaine d’années, s’affirme de plus en plus. Afin de mener une réflexion rigoureuse sur nos méthodes, procédés, valeurs heuristiques, jargons, consécrations et autres automatismes disciplinaires, nous nous proposons de concentrer nos séances de travail dans cette Summer School de quatre jours (11-14 juin) sur la période qui commence dans l’immédiat après-guerre, en 1945 donc, et s’étend jusqu’aujourd’hui. Dans le monde de plus en plus clos de l’après-guerre, et grâce à la dynamique de la démocratisation et de la diffusion des savoirs, ainsi que la transformation des disciplines en « studies », l’interaction entre l’anthropologie et l’histoire de l’art connaît sa phase à la fois la plus riche et la plus complexe.

Le rapport entre les deux disciplines se réalise à l’évidence grâce à un tiers : la pratique des artistes eux-mêmes, qui, poursuivant le travail de sape de l’autonomie de l’art mené par de différentes avant-gardes, n’ouvrent pas simplement leur action au continuum culturel, mais la théorisent souvent dans les termes de l’anthropologie culturelle (Independent Group, Cobra, architecture radicale, art conceptuel, etc.) Inversement, les anthropologues prolongent et déplacent les premières intuitions de l’anthropologue Raymond Firth, qui a rompu avec la lecture des objets comme indices de l’évolution et de la diffusion de la culture pour y voir des formes ordonnées intentionnelles et significatives. Selon cette optique, l’art n’est que le condensé historique occidental d’une activité esthétique universelle, qui peut être comprise à son tour grâce aux ressources du formalisme, de la psychologie de l’art ou des catégories comme le « style ». Dans ce contexte des écrits comme ceux de Meyer Schapiro et d’Ernst Gombrich jouent le rôle des médiateurs. La New Art History, avec son ancrage dans l’histoire culturelle et sociale (Michael Baxandall) et la désolidarisation de l’histoire de l’art de la primauté du « texte » et de la « literacy » la rendent plus assimilable par l’anthropologie. Des notions telles que « le cultural eye » s’imposent, c’est-à-dire la nécessité d’extraire la culture matérielle propre à l’anthropologie du simple fonctionnalisme pour y trouver à la fois intentionnalité formelle, exception individuelle, particularité historique, voire affirmation du « goût ». Ces impulsions sont importantes pour l’affranchissement de l’anthropologie de la peur du « primitivisme » : s’intéresser à l’art des cultures qui n’ont pas théorisé l’art ne signifie pas forcément les primitiviser, mais au contraire les extraire de cet autre primitivisme, plus sournois, de l’artefact stéréotypique, impersonnel et permanent.

L’avènement des « cultural studies » et des « visual studies » dans l’ère du postmodernisme, par leur opposition même à l’autonomie et à la spécificité des œuvres d’art, parachève la dilution de l’histoire dans la culture. Puis, l’expansion des croisements entre les deux disciplines s’accroit grâce à l’explosion des nouvelles « ontologies » : animisme, agency, magie, le « faire », l’humain et le non-humain, ne sont que quelques-unes des notions qui traversent les discours aujourd’hui, des plus solides aux plus légers. La formation de la « Bildwissenschaft » dans les pays germanophones a été un puissant vecteur de l’absorption des notions anthropologiques par l’histoire de l’art. On pourrait même dire que les écrits de Hans Belting, Horst Bredekamp, etc. produisent une indifférenciation de deux disciplines, car ils mettent sérieusement en doute la notion même de l’histoire. Ce que feront aussi, par le biais cette fois des études postcoloniales, d’autres écritures de l’histoire de l’art et des expositions marquantes. Ces dynamiques épistémologiques se produisent en même temps qu’a lieu la globalisation des pratiques artistiques et des expositions aujourd’hui : la « grand Sud » et le « grand Nord » se rencontrent dans un champ où l’histoire de l’art et l’anthropologie deviennent de plus en plus indistinctes.

Quelques-unes parmi les thématiques développées, traversées, croisées seront les suivantes :

  • Les « patterns » : concept nomade entre l’histoire de l’art, l’anthropologie et la cybernétique (Mead, Bateson).
  • La théorie de « Gestalt » et le « behaviorisme » permettant à l’anthropologie et à l’histoire de l’art de se recroiser dans l’espoir de la constitution d’un langage universel, fondé sur des « patterns » ou des « structures » et censé permettre de maîtriser la profusion inédite des données culturelles, ainsi que la perception et l’administration d’un monde qui, en pleine guerre froide, semble échapper à tout contrôle.
  • Identités disciplinaires mixtes : Robert Goldwater, à la fois anthropologue et historien de l’art ; Luc de Heusch, à la fois anthropologue et membre du groupe COBRA.
  • Le structuralisme de Claude Lévi-Strauss, d’Edmund Leach, etc. : frictions avec l’histoire, rejet de l’abstraction, récupération par l’histoire de l’art.
  • African Studies : relève de la dualité de l’anthropologie de l’art et de l’histoire de l’art.
  • Énergétique des gestes : du modèle thermodynamique de l’anthropologue Leslie White au « faire » de Tim Ingold.
  • Agency et technologie de l’enchantement d’Alfred Gell : moteur du continuum épistémologique et appropriation par les artistes.
  • Animisme ou l’ « ethnographie du blanc » : retour aux expositions du Haus der Kulturen der Welt.
  • L’écologie, dans son rapport conflictuel avec la technologie, peut adopter des visions entropiques, d’une grande importance pour l’art à partir de 1950 (à travers Lévi-Strauss) ; mais elle peut entretenir tout aussi bien des rapports complémentaires et finalement analogiques avec la technologie (c’est le cas de Bateson).
  • Artistes/architectes-anthropologues (architecture radicale, art conceptuel, postmodernisme postcolonial…).

Un programme provisoire sera publié sous peu.

CHF 100.-

Le prix comprend :

  • Les frais d’enseignement
  • Les repas de midi
  • Les pauses-café
  • Deux apéritifs

Votre candidature doit comprendre : 

  • un CV
  • une lettre de motivation expliquant la manière dont la participation à l’école d’été s’insère dans le parcours académique

Le délai de candidature est fixé au 10 avril 2025.